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Les derniers mois de la Macronie ? Hervé Guerrera
16 / 02 / 2021 405 lu(s) 

         Les derniers mois de la Macronie ?

   Alors qu’à l’heure où j’écris ces lignes nous ne connaissons toujours pas la date officielle des futures élections régionales, alors que partout est annoncé, pour le parti présidentiel, un revers au moins aussi retentissant que celui des municipales voilà que les sondeurs viennent à nouveau nous prédire, pour les présidentielles de 2022, un nouveau duel Le Pen / Macron. Car nombre d’entre eux, pilotés par les grands medias parisianistes qui commandent ces études d’opinion, se tournent exclusivement vers échéance.

   En France, et c’est peu de le dire, il n’y a plus que ce scrutin qui compte. Et c’est encore plus vrai avec l’inversion du calendrier électoral où le moment des législatives venu il suffit de que le Président nouvellement élu demande de lui donner une majorité pour qu’il soit reçu 5/5 dans les urnes. Si je ne parle que de Président, sans utiliser l’écriture inclusive, c’est que la perspective d’une extrême droite aux manettes, vu qu’il n’y a qu’une seule femme déclarée, m’est totalement insupportable.

   Mais tout cela nous donne un beau parlement de godillots totalement inapte à rééquilibrer la monarchie présidentielle qu’est devenue cette foutue Vème république et son rythme quinquenal qui rend le premier ministre totalement inutile et absolument incompréhensible aux yeux de l’Europe et du Monde.
   Mais c’est comme ça : le duel présidentiel, reconnaissons le habilement mis en scène par une sphère centralo-médiatique en ébullition qui en « fait des caisses », est souvent jugé formidable et palpitant alors qu’il est issu d’une constitution vieille de 63 ans, une constitution totalement inadaptée au monde actuel et à l’exigence d’une citoyenneté active, une constitution promulguée alors que le pays était aux portes d’une guerre civile !
   Du moins cela semble satisfaire une majorité d’électrices et d’électeurs qui années après années ne remettent pas vraiment en cause un système caricaturalement pyramidal. Il y a eu certes les gilets jaunes mais ces derniers très hétéroclites dans leur composition ne se sont pas vraiment entendus, c’est un doux euphémisme, sur une plateforme revendicative. Et quand le « mouvement » a mis en avant le Référendum d’Initiative Citoyenne il s’était déjà considérablement étiolé. Ce RIC, sans être la panacée serait pourtant, sous certaines conditions et notamment celle de prendre le temps du débat et de l’échange contradictoire, une réelle avancée.
   Il y a eu aussi les mouvements pour le climat et les propositions de l’éponyme convention citoyenne. Et à nouveau, gangréné par des lobbys surpuissants et omniprésents dans une structure d’Etat qui se veut impartiale, les propositions sont détricotées, saucissonnées, vidées de leur contenu. Et si la France s’est vue condamnée suite à la pétition et l’action en justice de l’affaire du siècle pour inaction climatique cela n’a rien d’un hasard. Il s’agit bien d’une réalité où alors que nous n’avons plus le temps nous ne faisons que reculer pour prendre de vraies décisions aptes à vraiment changer les choses !
   « Make our planet great again » qu’il disait nous en sommes loin, très loin. Et Nicolas Hulot éphémère ministre mais dont la démission était totalement justifiée a encore dénoncé très clairement le manque de volonté politique du pouvoir en place en matière de gestion d’une crise écologique qui risque de considérablement modifier, voire d’emporter, la vie sur terre telle que nous la connaissons.

   Non la Macronie continue droit dans ses bottes et depuis Paris de gérer une crise sanitaire en ignorant les spécificités régionales de circulation du virus et de ses variants. Hors de question, comme nombre de pays en Europe et ailleurs l’ont fait, de limiter les déplacements inter régionaux. Pensez-donc ce ne serait plus la démocratie d’interdire aux francilien.e.s d’accéder à leurs lieux de villégiature en montagne ou à la mer ! Et peu importe s’ils transportent le virus et génèrent des vagues plus meurtrières comme celle qui a frappé la Provence au sortir des vacances d’été. Peu importe que le corps médical alerte sur une saturation possible d’un système hospitalier rendu exsangue par des décennies d’économie d’inspiration néo libérale, il ne faut pas, dans notre France centraliste, promouvoir la moindre disparité régionale. Du moins sur le papier car bien sûr, économiquement, culturellement, démographiquement… aucune région, y compris les nouvelles mega structures sans odeur ni saveur, ne saurait être comparée à l’Ile de France.

   Un dernier mot pour dire que la dernière raideur Macronique, dont l’aile « gauche » est depuis longtemps mutique, s’attaque au séparatisme recyclant par-là les thèses d’une droite extrême qui elle-même n’en finit plus, et notre région en sait quelque chose hélas, de courir derrière les Le Pen père, fille et nièce. Mais ce n’est pas avec des lois, nous en avons assez comme cela souvent inefficaces et inappliquées, que sera combattu le fondamentalisme religieux. Mais bien avec une présence sur le terrain, au quotidien pour faire vivre et animer les structures sociales, culturelles et sportives, pour créer des perspectives économiques, pour lutter contre les discriminations, combattre la misère et l’injustice sociale.

   Agir contre le séparatisme c’est d’abord faire, être là, connaître le terrain, savoir écouter, faire appliquer des règles de manière équitable, sanctionner quand il y a à le faire, mais surtout pas au faciès, surtout pas dans la violence, surtout pas dans la seule répression. Mais c’est aussi valoriser en s’appuyant sur les spécificités de chaque territoire, sur les initiatives qui font vivre dans les quartiers, les villes et les villages la solidarité.

   Mais tout cela vu de Paris, c’est loin, c’est flou, c’est compliqué, il y a d’autres priorités alors on oublie les promesses climatiques, la lutte contre la pauvreté, la relocalisation de l’économie. Alors oui, s’il ne faut rien attendre de bon des derniers mois de la Macronie c’est surtout parce que cette dernière est partie intégrante d’un système qui vampirise les budgets et les ressources au seul profit d’une économie libérale et centralisée sur les beaux quartiers de Paris et de l’Ile de France.

Hervé GUERRERA
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