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RETRAITES: La SOMME et le RESTE. Sylviane FRANZETTI
30 / 12 / 2022 399 lu(s) 
RETRAITES : LA SOMME ET LE RESTE

   Comme disait Benoit Hamon, c'est la durée de vie "en bonne santé" après le départ à la retraite qui importe; une récente étude indique l’espérance de vie en bonne santé est en France en dessous de la moyenne européenne.
   L’espérance de vie en bonne santé à la naissance est passée, pour les femmes, de 64,4 ans en 2005 à 64,1 ans en 2016 (de 2009 à 2012, elle était même inférieure à 64 ans) ; pour les hommes, elle est passée de 62,3 ans en 2005 à 62,6 ans en 2017.

                              LA SOMME : usure, pénibilité, travail mortifère

Par ailleurs,  si "l’espérance de vie à la naissance" a effectivement augmenté, passant : pour les femmes, de 83,8 ans en 2005 à 85,3 ans en 2017 et pour les hommes, de 76,7 ans en 2005 à 79,5 ans en 2017, c’est bien parce que le temps de travail a diminué par semaine (39 h puis 35 heures), par an (5ème semaine de congés payés) et par vie (retraite à 60 ans) ; les gens vivent plus longtemps parce qu'ils sont moins usés.
   L’espérance de vie sans incapacité est d'ailleurs l’un des indicateurs utilisés par la Commission européenne et l’OCDE dans leurs travaux, en lien avec la déclaration en 1997 du directeur général de l’OMS, le Dr Hiroshi Nakajima, selon laquelle «sans qualité de la vie, une longévité accrue ne présente guère d’intérêt, l’espérance de vie en bonne santé est plus importante que l’espérance de vie  ».
   Je ne compte plus, autour de moi, le nombre de personnes qui sont mortes entre 60 et 65 ans; mais ce n'est pas nouveau, lorsque Mitterrand avait instauré la retraite à 60 ans, certaines études démontraient que l'être humain connaît une période fragile à cette tranche d'âge et que si on travaille jusqu'à 65 ans, on a beaucoup plus de risques de mourir prématurément (ou de chances, dirait le patronat) ; de plus, nos bienveillants décideurs semblent oublier l'augmentation inexorable du nombre de maladies invalidantes et souvent mortelles directement liées aux polluants de toute sorte.
   J'ai moi-même perdu plusieurs proches usés par le travail, avant 65 ans, plusieurs personnes de mon entourage sont mortes de cancers sans profiter de leur retraite  dont des collègues de travail (46 ans, 58 ans, 60 ans, 61 ans et 62 ans) ;  la liste est longue : beaucoup de monde qui a cotisé mais ne touchera jamais sa pension de retraite.
   Par ailleurs, les retraités "jeunes et en bonne santé" (et avec une pension de retraite suffisante) sont de bons consommateurs qui font marcher l'activité touristique à la basse saison; ils contribuent largement à la croissance économique, en voyageant, en mangeant au restaurant, en fréquentant des stations thermales, etc…N'est-il pas plus malin de promouvoir cette « silver économie » plutôt que d'instaurer une période de précarité, pendant plusieurs années avant la retraite, comme en connaissent souvent les seniors.

          LE RESTE : mystification du rachat de temps d’études, décotes

   Le comble, c'est que nos gouvernants le savent puisqu'une récente étude faisait état d'une augmentation des congés de maladie touchant les seniors et directement liée au récent rallongement de la durée des cotisations; car, en réalité, on y est déjà: quand j'ai commencé à travailler, j'aurais dû partir après 37 ans et demi de travail ce qui m'aurait fait prendre ma retraite à 60 ans et demi;  à présent, si je n'avais pas choisi de partir à 62 ans avec une forte décote, j'aurais dû travailler 41 annuités et demi (jusqu'à 64 ans et demi) et les salariés un peu plus jeunes que moi doivent déjà travailler 42 annuités.
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Encadrer cette phrase dans le texte : « Je ferai tout pour qu’il n’y ait pas ces blocages (syndicaux, ndlr). Je veux aller au bout de cette réforme. » E. Macron
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   Certains de mes collègues qui ont travaillé à temps partiel doivent travailler jusqu'à 67 ans, et encore, pour ne même pas avoir de retraite complète. Cette situation concerne toute personne qui a fait des études supérieures (ce qui n'est pas forcément synonyme d'une période de grande rigolade) et/ou qui subit une période sans emploi avant de commencer à travailler et donc à cotiser pour la retraite.
   Certes, lorsqu'on a reculé l'âge de la retraite de 60 à 62 ans, on nous a fait miroiter la possibilité de racheter des trimestres d'études qui auraient ainsi compté comme du temps travaillé; sauf que le coût de ces trimestres était prohibitif.

                                              Réduire le temps de travail
                                            
   Enfin, puisqu'on est loin d'être en période de plein emploi, ne serait-il pas préférable de travailler moins longtemps pour travailler tous ? Mais on préfère favoriser la précarité, le chômage, le mal être au travail, l'incertitude du lendemain, de façon à avoir une main-d'oeuvre qui se contente de peu et qui ne revendique pas de meilleures conditions de travail, par peur de perdre son emploi
   Résultat pervers de ce système, nombreux sont les employeurs, dans les secteurs de la restauration, de la grande distribution, de l'artisanat, qui, désormais, ne trouvent plus de personnel fiable: les jeunes générations s'habituent à faire des petits boulots mal payés et à les quitter du jour au lendemain, pour passer à un autre boulot tout aussi mal payé, tout en se disant que, de toute façon, elles n'auront pas de retraite...Ces dernières décennies, nos gouvernants ont réussi à instaurer une société qui ne croit plus en grand-chose et c'est bien désolant.

                                                                                                      Sylviane FRANZETTI
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