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VALBONNE, ses maires et le béton. Sylviane FRANZETTI
09 / 09 / 2019 397 lu(s) 
Betum, i a pron !        
                    
     Valbonne, ses maires et le béton

   En 2017, nous avions évoqué la multiplication dans les Alpes-Maritimes de centres commerciaux démesurés venant s'ajouter à ceux existants qui, eux-mêmes, font l'objet d'agrandissements ; ainsi, le projet OPEN SKY, à Valbonne, en limite d'Antibes et de Vallauris, doit être implanté à quelques kilomètres de deux grands centres commerciaux, avec un « nouveau concept » qui se veut tout à fait différent des précédents : sur 40 hectares sont prévus 150 000 m² de constructions, surfaces commerciales, hôtel, parkings, bureaux, avec un lac et  des espaces arborés destinés à « verdir » le projet.

   Ce projet initié par le sénateur-maire (PS) de Valbonne (liste PS, EELV, apparentés et sans étiquette), repris par la communauté d'agglomération de Sophia Antipolis (majoritairement à droite) puis de nouveau confié à la commune (patate chaude ?) n'a cessé de soulever une vive contestation (pétition, manifestations) de la part des habitants et des travailleurs de la technopole, déjà quotidiennement affectés par les problèmes d'engorgement du réseau routier et attentifs à la préservation de l'une des caractéristiques de Sophia Antipolis : ses espaces verts. Il a aussi suscité les critiques de la part de certains maires comme celui de Cannes, soucieux de préserver les petits commerces.

   Entre-temps, deux projets immobiliers plus modestes (lotissements d'habitations pour actifs) également contestés parce qu'ils auraient porté atteinte aux forêts valbonnaises et à leur biodiversité ont reçu un avis défavorable de la part des commissaires enquêteurs. Cerise pourrie sur le gâteau avarié, l'un des deux projets avait pour objectif d'installer des logements sociaux sous une ligne à haute tension.  Tous deux ont été abandonnés par le maire.

   Le sénateur maire de Valbonne qui avait été à l'origine de ces projets avant de céder  sa place à son adjoint il y a trois ans (non cumul des mandats et/ou volonté de mieux se consacrer aux projets de développement sophipolitains) pour devenir simple conseiller municipal a décidé de se représenter aux prochaines municipales comme il l'avait, semble-t-il, prévu dès sa démission.

   Mais, coup de tonnerre, l'actuel maire, qui devait donc s'effacer pour lui laisser la place, a décidé de se présenter également ; cette décision pourrait sembler très discourtoise, mais à la lumière des événements, on comprend que de profondes divergences se sont fait jour entre l'ancien et le nouveau maire, pourtant issus du même parti politique et anciens amis, concernant l'avenir de la commune.
   Ainsi, dans la rubrique du journal municipal consacrée à la tribune de la majorité, on apprend que le maire a retiré la délégation à l'urbanisme à la 1ère adjointe et la délégation de la communication à une autre adjointe ; de fait, la majorité a éclaté ; cette tribune qui a des mots très durs envers le maire, n'est signée que par certains conseillers municipaux de l'ex majorité ; on peut en déduire que les autres et pas des moindres (EELV par exemple) sont favorables à la ligne politique du maire actuel, soit à peu près la moitié de l'ex majorité, ce que le maire confirme dans le journal Nice-Matin, s'expliquant sur ses divergences avec son prédécesseur et certains membres de la majorité.
   Il précise avoir fait étudier la possibilité d'arrêter le projet OPEN SKY, qui, selon lui, n'est plus adapté aux besoins actuels de la commune ni de la technopole : « la commune est trop engagée pour revenir en arrière: une déclaration d’utilité publique, des expropriations ont été prononcées, d’autres sont en cours, cela générerait des indemnités que la Ville devrait honorer malgré l’arrêt du projet. En plus la Compagnie de Phalsbourg serait en droit de réclamer des dommages et intérêts dans ce cas-là. Ça monte à des dizaines de millions d’euros, ce qui serait catastrophique. Il y a une promesse de vente sur les terrains appartenant à la commune que je suis obligé d’honorer. En plus, le permis est délivré et purgé. Donc aujourd’hui il est impossible d’arrêter le projet."

   A défaut, il négocie avec le promoteur pour réduire le plus possible la partie commerciale du projet. Concernant son projet pour la commune, s'il est élu: « il se placera dans la continuité. Mais avec une touche plus personnelle. J’ai toujours les mêmes principes, les mêmes valeurs. Républicaines, d’humanisme mais aussi de mixité sociale pour que notre territoire ne devienne pas un « sanctuaire de riches », d’où la nécessité de sortir des logements abordables à tous avec du locatif social. Je prendrai certains dossiers différemment dès le départ: on voit bien que les enjeux environnementaux sont forts à travers les études d’impact notamment.

   Vue de l'extérieur, cette situation est pour le moins surprenante dans une ville dont la vie municipale semblait suivre paisiblement son cours depuis des décennies même si quelques signes de fracture étaient apparus depuis 2008 avec la démission ou la non reconduction de certains conseillers municipaux de la première heure, de gauche ou écologistes.
   Elle tend à démontrer qu'un élu en charge du développement économique d'une commune en pleine expansion peut évoluer, se montrer sensible à la préservation de l'environnement et être à l'écoute de l'expression des citoyens (qui, en l'occurrence, ne se réduit pas à quelques riverains mécontents puisque les espaces menacés sont éloignés de toute habitation).
Et c'est plutôt rassurant !
                                                                                         Sylviane FRANZETTI
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