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Le roman national français, au défi de l'extrême droite (Extraits de la Préface du prochain livre de Gérard Tautil).
05 / 06 / 2016 394 lu(s) 
LE ROMAN NATIONAL FRANÇAIS,
au défi de l’extrême droite


   En guise de préface à un livre sur l’extrême droite et l’Occitanie,  nous donnons quelques extraits de la préface du prochain livre de Gérard Tautil. Celui-ci est consacré à la politique française et à son rejeton, le Front National, aspirant au pouvoir suprême, en embuscade à l’élection présidentielle. L’auteur démonte les mensonges de l’argumentaire frontiste et explique pourquoi il est néanmoins accepté par une partie de l’opinion publique. Il propose des pistes plutôt que des solutions clé en main pour cet avenir incertain.

(Parution en automne, aux Editions l'Harmattan).
    

Régions-Monde, une dialectique territoriale fragile
Ou comment en est-on arrivé là ?

      « Ce court essai sur l’extrême droite part d’un constat : le dépassement en Provence et autour de l’Arc méditerranéen du seuil fatidique des 40% des suffrages exprimés lors des dernières élections régionales de décembre 2015.  Une première conséquence immédiate doit être tirée de cette nouvelle péripétie électorale : l’ensemble du corps social est en train de subir depuis la Libération la transformation majeure des rapports de force que tout observateur politique ne peut ignorer et qui doit être désormais pris en compte : le bipartisme traditionnel a fait long feu. Nous entrons dans une tripolarisation du jeu politique. Bien avant avril 2002, les observateurs les plus lucides l’annonçaient. Son accomplissement est sans doute plus court que prévu.  Dans les mois qui viennent, tout semble indiquer qu’une nouvelle étape va s’ouvrir dont nul ne peut maîtriser le sens aujourd’hui.  La répartition objective des votants et le jeu des alliances qui se feront ne sont qu’un effet secondaire d’une situation politique plus globale. (…)
         Si cet essai prend appui sur le domaine occitan méditerranéen et notamment sur la Provence, certaines données sociologiques - à quelques exceptions près - recoupent la situation de l’ensemble des pays d’Oc (…) et dans l’ensemble territorial français.
         Pour autant, on ne pourra méconnaître des similitudes notoires de ce phénomène politique dans de nombreux pays européens, soit dans des élections partielles ou régionales, soit à présent dans l’accès-même aux rênes du pouvoir central, même si cette dernière hypothèse a peu de chance de se produire en raison des institutions et modes électoraux différents. (…) Mais la Ve République a mis en place toutes les conditions d’une prise de pouvoir par l’extrême droite en France. C’est une autre forme de l’exception française en Europe…(…) Du  point de vue géostratégique dominant, la dialectique régions-Europe ne peut éluder la situation Monde.
     La référence au « colonialisme intérieur » concernant les périphéries et le domaine occitan qu’analysait Robert Lafont dans les années soixante ne peut répondre que très partiellement aux situations présentes. On est passé sans transition d’un processus colonial régional à une colonisation planétaire qui s’annonçait déjà mais dont la réalisation est aujourd’hui à pied d’oeuvre. En quelques décennies s’est opéré le passage structurel d’économies étatiques à une économie globalisée, de domination capitaliste, qui joue la concentration des richesses comme objectif prioritaire avec ses conséquences : fragilité des marchés actions en relation avec les aléas des économies des Etats émergents, affaiblissement et repli sur soi des Etats, passage d’une économie étatique en Occident s’appuyant sur l’exploitation coloniale directe à une stratégie d’interventions militaires ponctuelles pour sauvegarder des intérêts privés, disparition ou, pour le moins, une très grande difficulté à faire émerger une alternative économique et politique. Cette nouvelle mondialisation économique est l’étape impériale de la colonisation de la planète et de tous ses territoires soumis au joug de la  financiarisation.

    Dans cette perspective globale, les identités régionales - dont l’occitane qui est la plus vaste de l’hexagone par l’ensemble de ses territoires  - doivent être soumises à l’analyse critique des données actuelles ; pour tenter d’ouvrir des pistes à un avenir commun démocratique de type nouveau, fondées sur des réalités plurielles, économiques, territoriales et culturelles, permettant des solutions politiques différenciées.
    C’est dans ce contexte général que le vote F.N., loin d’être un vote strictement franco-français, doit être analysé et compris. Partant de ce constat électoral, nous pouvons et devons dérouler cette trame du système Monde pour le mieux comprendre. »
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