Acuelh / Accueil
Editoriau / Editorial
D'aicí e de'n pertot
Sociau / Social
Politica / Politique
Istòria / Histoire
Cartabèu/Bloc-notes
Societat / Société
En revista / En revue
Botica / Boutique
Forum
Contact

   
   

Societat / Société


La Roya, 9 mois après la tempête Alex. Et Après ? Denis CAREL et Claudine AVRAM
07 / 09 / 2021 401 lu(s) 
   La Roya, 9 mois après la tempête Alex. Et Après ?

   Dans la nuit du 2 au 3 octobre 2020, les alpes maritimes ont été frappées de plein fouet par une catastrophe météorologique sans précédent. Un phénomène connu sous le nom d'épisode méditerranéen. Pendant plus de 24h des pluies diluviennes se sont abattues sur tout le département causant mort et destructions dans les vallées de l'arrière-pays niçois.
   Dans la vallée de La Roya, sur des dizaines de kilomètres, des tronçons entiers de la route qui relie Vintimille à Tende se sont effondrés dans les flots de la rivière en furie. La voie ferrée qui surplombe la rivière plus en amont à flanc de montagne, a beaucoup mieux résisté, ce qui a permis dès les premiers jours de désenclaver la vallée et d'acheminer les secours d'urgence puis l'approvisionnement essentiel. Ironie amère de l'histoire, c'est le chemin de fer, éternellement sacrifié par les comptables de Bercy qui a permis de maintenir le peu de lien de la vallée avec le reste du pays.

   Neuf mois après le choc et la sidération, qu'en est-il aujourd'hui de la situation dans La Roya ? Et quels enseignements peut-on en tirer sur la résilience d'un territoire face à une catastrophe écologique grave. Sachant que ce type de situation est inévitablement destiné à se reproduire en quelque lieu que ce soit dans le contexte actuel d'aggravation de la crise climatique.

D'abord, quelques constats :
   Durant l'hiver et depuis, 500 familles ont dû quitter la vallée, leurs conditions de vie étant devenues trop difficiles.
   Une consolation dans ce désastre ! Le projet du doublement du tunnel de Tende voulu par les euro-technocrates dans le but de faire remonter des norias de camions depuis l'A8 jusqu'à Cuneo, dans le Piémont italien, afin de fluidifier le trafic routier du littoral, est pour le moment tombé à l'eau en même temps que la route.  Pas sûr qu'il revoit le jour, compte tenu non seulement des coûts de reconstruction, mais surtout du potentiel de destruction massif dont la nature déchaînée a su faire preuve ce jour-là. De quoi décourager les plus fervents partisans du progrès autoroutier illimité.
   Ça tombe bien pour les habitants de La Roya et les associations de protection de l'environnement qui depuis des années se battaient pied à pied pour éviter que leur vallée soit défigurée par les camions.
Aujourd'hui, l'approvisionnement de la vallée se fait donc au rythme des convois routiers qui dans la journée sont très encadrés du fait des travaux.

   Ce que nous apprend aussi la situation actuelle du pays tendasque, c'est que la rupture du système d'approvisionnement basé sur le marché mondial met en danger la sécurité alimentaire des populations. Depuis plus de 60 ans, les pouvoirs publics ont délégué l'alimentation aux multinationales qui fonctionnent selon leurs propres règles de profitabilité avec une semaine de stocks alimentaires à flux tendu dans les rayons de grandes surfaces. De facto, nous n'avons pas plus de 25% d'autonomie alimentaires sur les territoires L'enjeu de conserver des terres agricoles devrait donc être une priorité stratégique pour des élus qui jusqu'à aujourd'hui n'ont considéré le foncier agricole que comme une réserve d'urbanisation différée.

   Et dans La Roya, on a bien vu que l'agriculture de montagne a pris le relais et nourri la population.
   A Tende, l'ouverture d'une épicerie citoyenne distribuant les produits de l'agriculture bio locale ne devait rien à la mode bobo/écolo, mais plutôt à la nécessité de se nourrir grâce à la résilience des fermes locales en agroécologie paysanne, qui elles ont continué à approvisionner les rayons.

Denis CAREL

------------------------------------------------------------

TEMOIGNAGE d'une habitante de LA BRIGUE, Claudine AVRAM,
maraîchère bio à la retraite et militante engagée dans le collectif citoyen de La Roya.

  La vie à Tende 9 mois plus tard après la tempête :

  « Le retour du train qui était tant espéré début Avril et annoncé avec fanfares, cotillons, élus enrubannés, population en liesse.  
  Trois mois plus tard : Malgré les multiples demandes des associations d'usagers pour des aménagements d’horaires et avoir plus de trains, l'isolement est toujours là.
Le premier train part à midi de Tende pour arriver à14h à Nice, juste le temps de boire un café pour ne pas rater le dernier retour à 14h56, arrivée 17h25. Bonne journée !
  - Pour les courses même topo :
  La supérette, fermée depuis octobre et reprise par les gérants du Carrefour de Breil a rouvert aussi en avril, les mêmes devant la porte, la même joie, les mêmes discours, la même ode à la vie qui renaît. Depuis les rayons sont au tiers vides, fruits, légumes, vins (sic) principalement.
  A mes questions (gentilles) au jeune homme de la caisse, il m'est répondu qu'ils n'arrivent pas à se faire livrer régulièrement (re sic). Les clients, eux, sont au rendez-vous, souriants pour l'instant, espérant à chaque visite que les rayons vont se remplir.
   A Tende mieux vaut plus qu'ailleurs, être jeune, en bonne santé et ...motorisé. La pharmacie ferme définitivement fin juillet, la plus proche, celle de Breil est à 30mn (5h aller-retour en semaine compte tenu des convois trois fois par jour)
   Très peu d'informations à la population au niveau des travaux sur les routes et les professionnels du tourisme ne savent pas quoi répondre aux questions sur l'accès à la vallée des Merveilles cet été (non pardon dans quinze jours, début de la saison). »

------------------------------------------------------------
Retorn