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SOCIETAT . LO CONVIDAT DAU CEBIER . Denis Carel, Confédération Paysanne VAR
06 / 01 / 2019 398 lu(s) 
SOCIETAT - LO CONVIDAT DAU CEBIER

   Ce texte est un appel et un rappel de paysans, agriculteurs et éleveurs de la Confédération Paysanne que notre camarade Denis Carel, éleveur varois, nous a demandé de publier. En accord avec les enjeux socio-économiques revendiqués, au rebours d’une certaine mode « végane » qui travestit les questions de production - consommation et leurs conséquences, nous le soumettons à votre réflexion.

     Plaidoyer pour l’élevage paysan

   « Je revendique pleinement mon métier d’éleveur.euse.
      En tant que paysan.ne, je recherche au quotidien à contribuer à :
- la préservation du lien au sol sur ma ferme, garant d’un lien continu Humain/Animal/Territoire, porteur de sens dans nos sociétés. L’alimentation de nos animaux saine, de qualité, locale et diversifiée est un facteur de bientraitance animale majeur.
- la haute qualité de mes produits dans toute leur composante : nutritionnelle, sanitaire, écologique et gustative
- la complémentarité des ressources de mon écosystème avec mon troupeau d’élevage. Le cercle vertueux de la polyculture-élevage imbrique le monde minéral, végétal et animal pour une sécurité alimentaire durable.
- l’aménagement de mon territoire et au développement de campagnes vivantes : l’élevage dépasse sa seule fonction productive et contribue à la lutte contre les incendies, la création d’emploi, la préservation de la biodiversité (haies, prairies…), la valorisation des surfaces pastorales, la fourniture d’énergie renouvelable (fumure, traction, désherbage…)
En tant que paysan.ne, je lutte au quotidien contre :
- la spécialisation des territoires, l’agrandissement, l’industrialisation et la concentration des fermes
- les dégâts socio-économiques et écologiques engendrés par des pratiques humaines et des politiques publiques inadaptées, basées pour la plupart sur une recherche de rentabilité à tout prix
- la logique industrielle, productiviste et technicienne appliquée au vivant qui engendre des souffrances inutiles et inacceptables aux animaux, et dont nous sommes aussi victimes.
   Le projet d’abolition de l’élevage porté par les « véganes » relève d’un universalisme trompeur et d’une déconnexion profonde avec la nature. Une agriculture sans élevage serait tout autant une impasse écologique et sociale que le modèle agricole dominant actuel. Cela ne remet pas en cause les intentions souvent bienveillantes des personnes concernées qui cherchent pour certaines à construire un monde plus juste et équitable, écologiquement responsable pour le devenir de la planète. Il n’est pas question d’invoquer une supposée tradition millénaire culturelle ou d’imposer un régime alimentaire quelqu’il soit. Au contraire, il est question d’exposer notre réflexion paysanne comme une réponse juste et moderne au regard des enjeux écologiques, sociaux et éthiques de notre temps. C’est le sens de ce plaidoyer.

   L’élevage paysan est une démarche qui met le binôme éleveur.euse/animal au centre de la ferme et du territoire. Nous n’avions pas besoin d’études scientifiques pour confirmer la conscience que nos animaux ont du monde qui les entoure. Nous en sommes témoins chaque jour.
   Nous ne considérons pas que l’humain soit une espèce au-dessus du reste du vivant et doive dominer la nature, comme il l’a bien trop fait. Au contraire, nous voulons vivre comme partie intégrante avec la nature. Nous ne voulons pas non plus d’un monde artificialisé à outrance « compensé » par des espaces « sauvages » fantasmés dits « sans emprise de l’humain » (réserves naturelles, forêts vierges…) comme engendrerait le véganisme qui fait du refus de la mort et de la souffrance un dogme absolu.

   Nous, paysan.ne.s, sommes les premiers à porter une forte considération au monde vivant dans notre travail : préservation de la qualité de l’air, de l’eau et des sols, et souci permanent du devenir des êtres vivants, végétaux et animaux confondus. Nous travaillons au quotidien avec la nature, l’équilibre écologique est notre principal allié.

   Le débat actuel pose la question suivante : Pouvons-nous réfléchir autrement ?
   Réfléchir à faire société avec la nature et nos animaux.
Pour cela, l’élevage paysan offre indéniablement des clés pour repenser cette question face au véganisme dont la réponse n’est en aucun cas équilibrée et fondée. Notre éthique paysanne ne pourra jamais être résumée à la défense corporatiste d’un statu quo. Nous avons fait la preuve, et le ferons encore demain, qu’elle est une lutte constante pour un monde socialement juste et en harmonie avec la nature.

Oui à l’élevage paysan ! Oui à un monde avec plus d’éleveurs.euses et moins de viande !
Mangeons mieux ! Soyons nature ! Soyons fermes ! »
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