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Ecologie et société - Le devenir d'une ancienne sablière. SF
10 / 10 / 2017 400 lu(s) 
ECOLOGIA  E  SOCIETAT

LE DEVENIR D’UNE ANCIENNE SABLIÈRE  

       Que devient une sablière en fin d'exploitation ? Un arrêté préfectoral enjoint à l'exploitant de réhabiliter le site. Ces travaux de remise en état, qui engagent la responsabilité des services de l’État, sont obligatoires pour éviter des effondrements, des noyades de promeneurs dans des trous d'eau, etc.
Ils consistent en une stabilisation, un remodelage avec création de plateformes constituées de déchets inertes, un aménagement en banquettes et talus, végétalisés quand c'est possible mais cette végétalisation est rendue difficile puisque le sol est consolidé par des déchets minéraux, peu fertiles !
   Pendant plusieurs années, des camions apporteront des déchets, occasionnant des nuisances aux riverains et rendant à jamais stérile une grande partie du site.

      N'y avait-il pas une autre solution ?
   Si le prix d'achat d'une carrière devenue inexploitable n'a rien d'excessif, sa réhabilitation est complexe et coûteuse ; pourtant, certains ont su y voir un formidable potentiel : le célèbre zoo de Beauval (qui accueille les pandas chinois ) a été construit dans une ancienne carrière ; il en est de même du jardin de Berchigranges, dans les Vosges ou encore du magnifique jardin Saint-Adrien, à Servian dans l'Hérault, élu « jardin préféré des Français » en 2013.

   Au cas présent, un expert naturaliste consulté en 2015 considérait qu'il fallait absolument conserver pour les générations futures le témoignage que représentent les magnifiques colonnes de sable ocré situées à l’est de la carrière, une esthétique qui évoque les célèbres Ocres de Roussillon, dans le Vaucluse.
Certes, une falaise, située en face des colonnes de sable et ne présentant pas le même intérêt doit être consolidée mais cela ne concerne qu'une petite partie du site.
   La présence d'une rivière qui longe la carrière, ceci, à proximité de la prairie humide que la commune voisine a achetée en copropriété avec le Conservatoire des Espaces Naturels de Provence Alpes Côte d'Azur, aurait pu favoriser un suivi scientifique de la recolonisation d’une nouvelle zone humide alliant l'esthétique à la pédagogie (sorties scolaires, etc…)
   Mais surtout, la commune et les communes voisines ont toutes un lien très fort avec la géologie : carrières de pierre, carrière de sable rouge, lauves (affleurements rocheux remarquables), plateau karstique, fossiles, site volcanique dont on avait extrait des pierres utilisées pour édifier des fours à pain, vestiges d'anciens fours à chaux, artisanat de la poterie et notamment des célèbres jarres de Provence, grâce à la présence de gisements d'argile, artisanat du verre , etc.

   Avec ses colonnes de sable magnifiques et ses bâtiments d’exploitation sains et fonctionnels, le site aurait pu accueillir deux projets culturels fédérateurs pour l'ensemble des communes : un « jardin de pierres », projet conçu autour du thème de la géologie par l'ancienne directrice du museum d'histoire naturelle de Nice – qui nous a aussi parlé d'un projet de « Géoparc mondial UNESCO » (espace territorial présentant un héritage géologique d’importance internationale) et un « conservatoire des fours traditionnels », projet d'une association alliant un parc de fours de potiers traditionnels construits par des artisans potiers de divers pays, un centre d’interprétation, des démonstrations de pratiques de création et de production de poteries traditionnelles, des expositions de céramiques, des conférences, des projections des films tournés lors des réalisations, un lieu de rencontres internationales de potiers traditionnels et des manifestations culturelles.

   Plus récemment, l'exploitant de la carrière, confronté à divers contretemps (limitation du nombre de camions apportant les déchets incompatibles avec un remplissage dans le délai de 7 ans qui lui est imposé, protestations du voisinage) envisagerait un projet de méthanisation à partir du recyclage d'huiles de fritures, de déchets verts, etc. permettant de chauffer des bâtiments voisins ou de faire chauffer des fours ; ces fours permettraient de valoriser le gros gisement d'argile laissé par l'extraction du sable en le transformant en billes compressées utilisées en jardinage.
Ce projet ne serait pas incompatible avec les projets culturels énoncés plus haut.

   Bien sûr, ces projets, notamment les projets culturels, nécessiteraient un financement par les collectivités  locales, le Conseil départemental, le Conseil Régional, le Ministère de la Culture et la Communauté Européenne, par des mécènes, notamment des entreprises, par le CNRS et pourquoi pas un financement participatif ? Nul doute que nombre de citoyens mais aussi les chercheurs et les artistes de la région et du monde entier y adhéreraient.

   Ces projets sont-ils irréalistes ?
   Nombreux sont ceux, bien plus coûteux, qui ont déjà été financés et dont l'utilité est parfois contestable.
De plus, près de là, des travaux d'aménagement du territoire obligent la collectivité à payer pour enlever les gravats alors que si elle avait acheté la sablière, elle aurait pu les stocker gratuitement là où une consolidation de la falaise est vraiment nécessaire.
   Peut-être serait-il encore temps pour les « décideurs » de réagir à une telle absurdité : dans une région sur-urbanisée, comment ne pas profiter d'un des rares espaces encore libres et remarquables pour y réaliser un beau projet culturel et écologique dans l'intérêt collectif.
                                                                                                                          S.F.
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