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26ème université d’été – Toulon - 26/29 août 2021 - Enjeux et réflexions - Gérard TAUTIL
29 / 10 / 2021 410 lu(s) 
26ème université d’été – Toulon - 26/29 août 2021

            Enjeux et réflexions  

   Aquestei jornadas d’estiu de Regions e Pòbles Solidaris son estadas richas d’idèas, tant per lei subjèctes sociaus/societaus coma per lei questions politicas mogudas. Sensa respondre a totei lei questions evocadas, aquò va solet que lei quichadas dei pòbles europencs sota dependéncia estatala fòrta son dins lo cors dei debats que la federacion se pausa ò se dèu pausar. Ne’n evocarai que d’unei per faire lo ponch e avançar.  


Regions a la française.

   Le constat est fait justement par J-Ph. Atzenhofer : en France les régions sont des nains dans le contexte européen, réduites à des dimensions artificielles : absence d’études d’impact pour calculer leur économie, non prise en compte de l’histoire. Les découpages technocratiques sont à rapprocher des pays comme la Bulgarie ou la Roumanie : centralistes et en recherche d’identités artificielles. Les « Régions Sud » se retrouvent dans ces pays, à l’image des méga-régions de France. Le projet de loi 3DS (différenciation, décentralisation, déconcentration simplification) ne règle rien mais conforte le statu quo hexagonal : les compétences sont toujours données aux élus en amont et non en aval. La crise sanitaire révèle ce système qui délègue au département et non à la région, le préfet intervenant a posteriori. La question est posée : comment inverser le tropisme français dont le seul but est de combattre les identités ? Comment dépasser les 3% de déficit que l’Europe impose sans gérer la question économique en termes fédéralistes ? La réponse n’est pas donnée. Nous sommes toujours confinés dans   l’enfermement franco-français et para-étatiste de l’Europe économique néolibérale, en position de grand écart avec des Etats illibéraux.

Régions d’Europe en gestation

   Pourtant en Europe des réponses sont données. Malgré l’étendue restreinte de certains territoires qui veulent évoluer, ils sont source d’intérêt. C’est le cas des îles Aland entre Finlande et Suède, dont la situation politique est analysée par Peggy Eriksson présidente du parti Alands Framtid, vice-présidente de l’ALE. Myriades d’îles dont une soixantaine sont habitées pour 30 000 résidents bilingues (le suédois, langue officielle), soumis à la très forte pression d’un million de touristes l’été. Depuis 12 ans, une actualisation des lois autonomiques est demandée auprès du gouvernement finlandais. Quel rôle peut jouer l’Europe dans ces situations dévolues aux Etats ? Aujourd’hui aucun.
   Question fortement réactivée par 5 millions d’Ecossais dans le cadre britannique qui demandent un référendum d’autodétermination ouvrant la porte à l’indépendance. Dans le contexte du brexit, à la fois désastre et opportunité selon Christian Allard -ancien eurodéputé écossais du SNC indépendantiste-, c’est l’expression du droit démocratique qui est posé face à la Grande Bretagne et à l’Europe.
   La crise institutionnelle belge pose le même problème aux 6 millions de Flamands.  L’indépendance de la Belgique (1830) impose la domination française, notamment économique. Wouter Patho (N-VA), vice-président de l’ALE, rappelle que le respect culturel et linguistique est fondamental mais qu’une représentation fédérale exclusive doit pouvoir s’exercer, ainsi qu’une représentation fédérale avec assesseur dans certains domaines (transports, santé, pêche).

Régions-Etats, on continue sans rien changer ?

   On pourrait faire état de la situation catalane du sud dont l’absence de représentants à ces journées en visio-conférence est d’autant plus regrettable que la montée en puissance du mouvement populaire a mis en évidence toutes les contradictions des Etats et de la gestion européenne.  En effet, droites et gauches catalanes, après le scrutin du 14/02/21, « ont mis en place avec le peuple les conditions d’un changement conforme au bien commun et à l’intérêt général » (Pau Miserachs, El Republicà, 06/04/21- In Ni república, ni democràcia. Usbook 2a edició. Barcelona).
   Facteur important quand on sait que c’est aujourd’hui la revendication croissante d’autodétermination qui s’oppose aux blocages institutionnels. En témoigne la voie référendaire qui fait son chemin en Kanakie où le vote indépendantiste - à un peu plus de 6000 voix d’écart - peut devenir majoritaire.
   C’est ce que souligne Roccu Garobi (Corse), secrétaire général de l’ALE au Parlement européen. L’autodétermination est un droit démocratique qu’il faut appuyer fortement, avec pragmatisme, là où le rapport de force Etat-Région est en train d’évoluer.

Régions françaises et rapports de force politiques

   L’intervention des députés Libertés et Territoires est intéressante. Regroupant des sensibilités différentes (en présence de Bernard Plancher, Michel Lambert, Michel Clément, Paul Molac, Jean-Félix Acquaviva, Paul-André Colombani), ce groupe est une ouverture aux débats non consensuels, et peut répondre à une attente de l’opinion publique face au blocage du groupe majoritaire de M. Blanquer- J.Castex. De l’économie sociale à des statuts d’autonomie différenciés, en passant par l’écologie confrontée au réchauffement climatique, ces élus veulent faire monter les idées de RPS vers les partis. Des accords techniques sont à rechercher. En liaison avec notre député européen, François Alfonsi, la fédération avance et peut faire bouger les lignes en se renforçant encore.
   A cela s’ajoute la représentation des courants alternatifs confrontés à l’élection présidentielle. La fédération ne s’engage pas dans une candidature autonome et laisse ses composantes décider de leur soutien éventuel au candidat le plus proche de leurs revendications. La présence de Yannick Jadot dans le débat qui suit est à l’écoute des revendications des « régionalistes ». Sa critique de la Constitution répond surtout au refus de la loi Molac par le Conseil constitutionnel saisi par une manœuvre pirate de 60 députés macroniens. Si le candidat propose une aide aux régions de 50 milliards, la fin des préfets et la réduction des inégalités sociales, on aurait souhaité une révision plus approfondie de la Constitution : République fédérale ou pas ? Pour mieux se distinguer de l’offerte Mélenchon… Mais il est encore temps pour lui de le préciser s’il veut avoir le soutien des autonomistes.

Et le social dans tout cela ?

   Reste l’innommé, le social, ou si peu. Comme le fait remarquer un intervenant provençal lors des échanges, la question nationale ne peut être dissociée des questions socio-économiques. A la question de la différence entre les orientations économiques des indépendantistes écossais et le Labour Party, Christian Allard répond qu’il y a peu de différence. Cette non réponse ne dissipe pas l’omniprésence de la logique libérale qui pèse sur tout processus de libération. Car on sait que c’est sur ces questions que se joue aussi le processus indépendantiste entre ERC et JuntsxCat, sur la récupération économique et sociale, sur la répartition de la richesse. Et là le fossé est grand. En Ecosse, en Catalogne comme en Corse, pour ne parler que des processus les plus avancés, c’est aussi sur ces enjeux que se renforcera toute avancée démocratique. Ce n’est évidemment pas l’élargissement des privatisations qui fera progresser les politiques de libération. Dans le cadre de la globalisation économique qui nous est imposée, toute recherche alternative ne doit pas considérer comme secondaire la question sociale et économique, à la source du bien commun, du bien public. C’est un principe que RPS, doit prendre en compte plus clairement, au risque de faire le lit des vieilles politiques économiques inégalitaires. En débat, donc, pour celles et ceux qui le souhaitent. Mais dans l’urgence. Les régionalistes et nationalistes de progrès n’ont pas de sujet tabou.

Gérard TAUTIL
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