Acuelh / Accueil
Editoriau / Editorial
D'aicí e de'n pertot
Sociau / Social
Politica / Politique
Istòria / Histoire
Cartabèu/Bloc-notes
Societat / Société
En revista / En revue
Botica / Boutique
Forum
Contact

   
   

Politica / Politique


Oui la Provence ! Oc per Provença ! – O pèr Prouvènço ! Hervé GUERRERA
07 / 09 / 2021 407 lu(s) 

     Oui la Provence ! Oc per Provença ! – O pèr Prouvènço !

   Avec 2,18% nous obtenions, ce 20 Juin 2021, un score d’une part inespéré, d’autre part jamais atteint sur l’ensemble du territoire régional. Soyons honnêtes plusieurs facteurs sont venus maximiser un résultat ce résultat qui semblait loin d’être acquis.

   D’abord l’abstention : Avec un peu moins de 33% des votants le résultat n’est pas représentatif, très loin s’en faut, de l’ensemble du corps électoral. Sur cette abstention beaucoup a été dit mais il faut insister sur le fait que les dirigeants Macroniste, conscients par avance de la faiblesse de leurs résultats, ont tout fait pour que ce scrutin n’ait pas valeur de test hexagonal.

   Comment ? D’abord en faisant voter le même jour pour les régionales et les départementales.Par ce « mélange » volontairement et savamment entretenu de deux « votes mineurs », eu égard au scrutin présidentiel, l’exécutif d’Etat savait pertinemment que la confusion serait totale. Avec un département qui a récemment changé de mode électoral, des cantons qui sont régulièrement redécoupés, avec des régions dont les compétences sont méconnues et qui n’a pas d’accueil grand public, il y avait plus que de quoi décourager les citoyennes et les citoyens de se rendre aux urnes.

   Ajoutons à cela un manque total d’éducation civique sur le rôle des régions et des départements, un grave défaut de communication institutionnelle, une distribution de propagande électorale expérimentale (c’était la première fois que, logiciel libéral oblige le privé, s’en chargeait) totalement calamiteuse et honteusement scandaleuse, une crise sanitaire toujours latente et son strict protocole d’accès aux urnes tout oui tout était réuni pour que l’abstention soit massive et elle l’a été à l’exception de la Corse où le mouvement nationaliste a heureusement fait œuvre de pédagogie sur le rôle de la collectivité unique.

   Autre facteur et non des moindre d’un résultat moins mauvais que ce que nous donnaient les sondages, nous y reviendrons, la faiblesse du rassemblement dit « écologique et social » et le peu de charisme d’une tête de liste imposée par une direction parisienne plus soucieuse de placer des pions que de réunir son propre parti. Alors que le rassemblement « Il est temps » se donnait comme ambition de rassembler une gauche citoyenne et écologiste, PS, PCF, Générations-S n’avait que comme seule ambition de passer un accord avec la courte et droitière majorité d’EELV, accord qui sonnait comme un mauvais « remake » ou plutôt un retour sur investissement des sénatoriales 2020 où EELV et le PS obtenaient chacun un sénateur, parce que le PCF, plus fort en nombre de grands électeurs, avait décidé une stratégie d’union. Mais ce diktat d’une resucée d’une gauche plurielle et hégémonique n’était accepté ni par la minorité d’EELV, regroupée dans les « Verts l’Avenir », ni par un certain nombre de mouvements citoyens. Certains viendront renforcer « OUI LA PROVENCE », ce qui a maximisé notre score, d’autres s’inscriront dans un soutien réel mais plus discret, d’autres enfin choisiront une neutralité bienveillante à notre endroit.

  Depuis le début de cette campagne électorale alors que nous avons toujours été ouverts au dialogue avec la gauche et les écologistes nous avions affirmé une stratégie et trois ligne rouges. La stratégie était celle, finalement gagnante du moins opérationnelle, de s’inscrire dans un rassemblement régionaliste citoyen en dehors de tout logo de parti politique. Cette stratégie, sans cesse réaffirmée, nous a permis de rassembler largement et sur l’ensemble du territoire régional ce qui n’avait pas été possible en 1992, car dans les AlpesMaritimes, comme les Hautes-Alpes nous n’avions pas pu faire de liste « Région Provence ».
Les 3 lignes rouges :
• Une véritable politique linguistique de promotion de l’occitan-langue d’oc conformément à la loi NOTRE
• Un référendum populaire pour donner un nom à cette région qui n’est ni le SUD, ni la PACA, mais pour nous du moins la PROVENCE !
• Non à la ligne nouvelle « Provence-Côte d’Azur » et priorité absolue aux déplacements du quotidien par la création d’un véritable service public régional des transports.

   Que ce soit auprès de nos partenaires, devenus adversaires de la gauche et des écologistes comme devant les médias nous n’avons cessé de mettre en avant ces thèmes auxquels il faudrait ajouter l’impérieuse nécessité de lutter contre le changement climatique, des réponses concrètes à l’urgence écologique et sociale, un engagement farouche en faveur de la sobriété foncière pour sanctuariser les terres agricoles et soutenir l’agriculture paysanne et bio, enfin un aménagement du territoire respectueux des habitants et sachant valoriser l’ensemble des territoires qui composent notre région.

   Et cette campagne ne nous aura rien épargné. Donnés bon dernier dans les sondages avec un score de 0,5% systématiquement rappelés par les médias, exclus des débats de France 3, avec un service public indigne héritier d’une ORTF aux ordres qui trie parmi les candidats et fait le second tour avant le premier, comme de LCI, nous n’avons pas pu, eu égard à une très courte campagne, au protocole COVID qui continuait de sévir couvrir, comme nous l’aurions voulu, couvrir l’ensemble du territoire régional.

   Et que dire de ce jour d’élection ou 40 bureaux de vote à Marseille n’ont pas ouvert avant midi, quand dans d’autres bureaux le Président vous faisait voter dans l’urne des régionales avec des bulletins de vote dédiés aux départementales !
Oui pas grand-chose ne nous aura été épargnés et pourtant le résultat est plus qu’intéressant. Si on l’analyse à la « grosse maille » départementale et en le comparant aux élections de 1992 on obtient le résultat suivant :

              1992 2021
     Nb voix % Nb voix %
Alpes-de-Haute-Provence 4 287 5,87 1 755 3,64
Hautes-Alpes 972 2,2
Alpes-Maritimes 4 290 1,72
Bouches-du-Rhône 2 671 0,36 9 155 2,14
Var 3 504 0,93 5 701 2,26
Vaucluse 3 913 1,81 3 336 2,49
Provence-Alpes-Côte d'Azur 14 375 0,76 25 209 2,18


Des premières conclusions doivent être tirées de ce tableau:

   L’électorat régionaliste existe et mieux, il semble en progression. Il faut dire que la campagne ni Sud, ni PACA mais Provence, la pétition qui rassemble plus de 35 000 signatures sur change.org a marqué les esprits.
   Dans les Alpes de Haute Provence où nous réalisons notre meilleur score il convient de rappeler que l’excellent résultat de 1992 était dû à la personnalité du candidat aux confluents de trois courants politiques : l’écologie, Chasse Pêche Nature et traditions et le régionalisme.
   Alors que nous avions choisi là où c’était moins évident de nous appeler « Oui la Provence » nous n’avons pas à rougir, si nous les comparons à la moyenne régionale, aux résultats des Alpes Maritimes et encore plus des Hautes Alpes. Cette base électorale qui n’est pas rebutée par une région appelée Provence doit devenir la pierre d’un édifice régionaliste qui reste à conforter si ce n’est à construire. La dynamique unitaire qui s’est mise en place autour de Nice, le soutien d’une personnalité comme Ben, l’envie d’avancer ensemble commune à la tête de liste est à l’ensemble des colistiers sont des gages sérieux de cet avenir commun. Ana-Maria, Patric, Silviana, Cristou, Laurenç, Zine… pardon de ne pas tous les citer ont réalisé un travail remarquable

   En ce qui concerne les Bouches-du-Rhône le département entre l’Est et l’Ouest est coupé en deux. A l’est Marseille, avec plus de 30% d’abstention, Marseille où nous réalisons un très mauvais score (1,23%) devant peut -mis à part même si le Printemps Marseillais pourtant exclu de la démarche la liste « de gauche » a bu la ciguë - une antique pratique phocéenne ? -, et s’est massivement porté sur cette dernière. Mais globalement c’est à l’Ouest Arles, Fos-sur-Mer où les enfants de Lorrain se reconnaissent dans la démarche intégratrice de la Provence, Istres… où nous réalisons nos meilleurs résultats. Le sectaire « collectif Provence » dont le Président a choisi de rejoindre Muselier et est aujourd’hui élu, aura sans doute joué un rôle dans ce qui est un succès. Du collectif Provence à Oui la Provence, ne nous y trompons pas, pour le grand public c’était, bien au-delà des vociférations du Président candidat du collectif Provence qui hurlait que « OUI LA PROVENCE ! » était une arnaque, celui-là même qui écoute le collectif s’est reconnu dans « OUI LA PROVENCE ! » et c’est tant mieux.

   Car notre liste était une alternative pour un monde qui ne veut pas mourir ! Entre l’ouest et l’est des Bouches-du-Rhône, entre une industrialisation qui peine à survivre, une agriculture en difficulté et un monde post-industriel où le tertiaire règne en maître et où le prix du m2 explose, chassant par sa cherté nombre de ses habitants originels, « OUI LA PROVENCE ! » est apparu comme un refuge pour les premiers et un repoussoir pour les autres qui voient d’un très mauvais œil une possible résurgence d’un monde qu’ils sont, de facto, venus éliminer. Et si le score dans la ville qui représente sans doute le plus ces mutations, Aix-en-Provence, est égale à la moyenne régionale et ne reflète pas vraiment l’Est des Bouches-du-Rhône, c’est parce que nous y avons fait, tout comme à Venelles où la mobilisation était forte, campagne.

   Ce phénomène de vote refuge, de différenciation de deux mondes antagonistes va se retrouver dans le Var. Entre la bande côtière et le reste du département entre le bronze-culs et l’EHPAD de l’Europe et un artisanat, une agriculture, des savoir-faire qui là encore refusent de laisser la place à la bétonisation et à la spéculation entre l’humain et le financier les valeurs humaines de « OUI LA PROVENCE » ont été décriées d’un côté et adoubées d’un autre.

   Terminons ce rapide tour régional non pas par l’ascension du Gigant de Provença, pas du Sud, ni de Paca, mais de notre mont Ventoux pour souligner que de 1992 à 2021 l’électorat régionaliste y est malgré les crises et l’explosion de la pauvreté particulièrement constant.
Car oui, globalement, et nous l’avons montré, et c’est un fait dont il faut à la fois se réjouir et se servir pour construire, l’électorat régionaliste existe et nous avons comme devoir, en commençant par les législatives qui sont devant nous de le faire progresser.

Hervé GUERRERA
Tête de liste régionale « Oui la Provence ! Oc per Provença ! - O pèr Prouvènço ! » Elections Régionales « Provence-Alpes-Côte d’Azur » - 20 & 27 Juin 2021
Retorn