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Dans l'oeil du cyclone. Hervé GUERRERA
06 / 11 / 2020 404 lu(s) 
Dans l’œil du cyclone ?
    
Alors que les cas de contamination au COVID, ou à la COVID comme vous le voulez, ne cessent de progresser dans notre région les nouvelles mesures préfectorales ne manqueront pas d’interroger toutes celles et tous ceux qui redoutent que cette crise sanitaire devienne synonyme de privation de libertés. Mais jugez plutôt : Voici un extrait des instructions adressées par la Préfecture de Bouches du Rhône : « les rassemblements, réunions ou activités sur la voie publique ou dans un lieu ouvert au public de plus de 10 personnes peuvent être autorisés par le préfet de département si les conditions de leur organisation permettent de garantir le respect des dispositions de l’article 1er du décret du 10 juillet 2020 prescrivant les mesures générales nécessaires pour faire face à l'épidémie. »

   Si nous pouvons tous et toutes comprendre qu’il convient d’être, en ces temps difficiles, tout particulièrement responsables on imagine aussi aisément l’embarras des associations, notamment les plus petites, les plus fragiles, celles qui œuvrent au quotidien pour maintenir le tissu social et animer la vie culturelle, sportive, sociale, politique même. Combien d’entre-elles renonceront à mener leurs actions ? Et ce quand nous avons besoin, plus que jamais, de leur soutien pour traverser cette période extraordinairement compliquée !
Si les nouvelles contraintes ajoutées par L’État le sont au nom des prérogatives sanitaires de ce dernier il manque aussi, de la part de ce même État et force est de constater que c’est une tendance continue, constante, lourde, un volet de soutien à cette action du quotidien, à ces acteurs du spectacle vivant, à ces animateurs de proximité. Quel accompagnement pour pallier au manque l’absence de manifestations qui font lien entre les générations, entre les quartiers, les villages entre les couches sociales.

   Dans quel état seront ces structures au sortir de cette crise, si sortie il y a vraiment ? Combien d’entre elles auront disparues, quels dégâts sociaux, sociétaux leur absence aura-t-elle entrainé, combien d’emplois déjà fragilisés par des décennies de disette budgétaire auront été supprimés ? Cela ne semble pas vraiment être à l’ordre du jour de l’État. Il faut répondre à l’urgence sanitaire sans voir, ce serait pourtant le rôle d’un État stratège, le moyen et le long terme. La critique régionaliste d’un carcan étatique centraliste et répressif a vraiment du sens devant des mesures qui ne posent que des interdictions sans jamais se donner les moyens d’une acceptation sociale de ces dernières. Seront-elles, de ce fait et parce qu’elles sont par essence liberticides, acceptées et comprises, la question est légitime. Dans l’immédiat peut être mais par la suite ?

   De la même façon en cette rentrée comment se porte l’enseignement de nos langues régionales n’est en rien une préoccupation ministérielle. Sans oublier que des matières entières vont être laissées pour compte là encore parce que nous sommes dans la crise et qu’il faut aller à l’essentiel.
Alors parce que l’urgence est là faudrait-il accepter toutes ces mesures d’exception, toutes ces dérogations, tous ces oublis ? Et pour combien de temps ? Comment ne pas s’inquiéter de la privation de certaines libertés publiques ? Ne soyons pas naïfs : La tentation de faire durer certaines mesures liberticides est aussi un risque que certains jugent majeurs.
Et enfin jusqu’à quand ? Dès lors que certaines voies s’élèvent dans la communauté scientifique pour souligner que la crise dans laquelle nous sommes rentrés redessine en fait une nouvelle normalité. Un peu comme si le/la COVID était aussi un moyen d’auto régulation de populations dont l’impact, dont la pression sur l’environnement devient trop forte.
   Le réchauffement climatique, ces pandémies finalement à répétition ne sont t’ils pas les signes avant-coureurs de cet effondrement sociétal tant redouté par tous les lanceurs d’alerte que nos décideurs, au nom d’intérêts privés hyper minoritaires, de lobbyings malsains et mortifères, d’égoïsmes nationaux… ont décidé d’ignorer ?
Soyons optimistes et constructifs : Il nous reste, sans doute espérons-le, encore un peu de temps pour que les générations futures aient un vrai avenir. Mais pour cela, plus que jamais, il est urgent de changer de logiciel, de nous mobiliser pour faire primer l’intérêt général, les logiques économiques territoriales durables, les circuits courts, les entreprises non polluantes, les transports publics de proximité, les modes actifs de déplacement, l’utilité sociale, la diversité culturelle et linguistique…

   Si les élections à venir seront l’occasion de rappeler, avec force, toutes ces convictions, de les faire avancer, l’action, notamment associative, au quotidien reste aussi indispensable, vitale même, n’en déplaise à l’appareil d’État.

Hervé GUERRERA
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