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Tripatouillage. H.Guerrera
16 / 07 / 2020 399 lu(s) 
Tripatouillage


Le Président de la République, toujours aussi énarque calculateur mais dont l’habit Jupitérien est terni, a récemment reçu le sémillant et communicant Président d’une région qu’il veut appeler SUD, par ailleurs Président de l’Association des Régions de France à savoir « notre » Renaud Muselier à « nous ». Ils se sont parlé « cash » aurait même dit ce dernier lors d’une conférence de presse tentant ainsi de prouver, en écho à « notre » fringant Président, qu’il pouvait lui aussi peser de tout son poids pour faire avancer, non pas le régionalisme nous en sommes hélas très loin, mais bien les compétences régionales.

   Si faire jouer à l’échelon régional un rôle fondamental dans le plan de relance européen ne peut que recevoir notre approbation cela ne doit pas nous faire oublier les questions posées quant au type de développement souhaité.

   Relance du tourisme, oui, mais lequel ? Notre territoire régional en est déjà très dépendant. Et s’il faut aller vers un tourisme vert, respectueux, des sites et des écosystèmes il convient également de promouvoir un tourisme culturel respectueux de l’histoire et de la langue de la Région.
   Et force est de constater que nous en sommes loin, très loin ! Quand Muselier propose aux entreprises en difficulté, il impose dans le même temps, par les injonctions de ces services, son poison sudiste. Ainsi la « Région SUD », exit Provence-Alpes-Côte d’Azur, propose Chéquier-vacances, aides directes aux entreprises et campagne de promotion #OnATousBesoinDuSud, Elle consacre un budget de 21 M€ à la relance de l’économie touristique régionale. Soyez écervelés et vous serez aidés !  

   Autres problèmes liés à une relance qui ne se pose absolument pas la question du type de développement auquel aspirent les citoyen.ne.s. Une relance qui serait enfin compatible avec une exploitation durable, soutenable et solidaire, des ressources naturelles. Allons-nous valoriser les atouts agricoles de notre territoire, accélérer les conversions bio, soutenir les services publics, rééquilibrer notre économie régionale ? N’oublions pas que le secteur tertiaire représente 80% des emplois régionaux et à peu près autant de son Produit Intérieur Brut.

   Quand l’industrie représente 15% du PIB hexagonal elle ne pèse que 10% du PIB régional, ce qui fonde à demander un rééquilibrage en faveur de ce secteur à condition, bien évidemment, qu’il sache s’inscrire dans la plus que nécessaire et urgente transition écologique et qu’il soit respectueux des droits sociaux. Il le serait de toute façon sans doute bien plus que le secteur tertiaire grand pourvoyeur de temps partiels subis et de précarité sociale.

Relance économique, industrielle, agricole, certes, mais en valorisant les savoir-faire régionaux et sans oublier les circuits courts, sans revivre au quotidien ces thromboses automobiles et leurs cortèges d’accidents, de retards, de pollution. Oui allez vers ces slow cities  qui tournent le dos à la vitesse, qui protègent leurs habitants, qui nous évitent ces lignes à grande vitesse et ces aéroports invivables à des kilomètres à la ronde.
Car s’il y a bien une chose positive, une des rares, que nous retiendrons de cet affreux confinement devant lequel, très loin s’en faut, nous n’étions pas tous égaux, c’est d’avoir redécouvert une autre dimension de la nature avec des chants d’oiseaux que nous avions oubliés, c’est de revoir les cieux de Provence dans leur bleu sans doute pas originel mais avec quelque chose d’approchant, de constater que quelque part nous respirions mieux du fait de la baisse des pollutions.
   Alors non, nous ne voulons plus du monde d’avant, nous le répétons et le répèterons cette décennie 2020 est marquée par l’urgence, pratique et concrète, à changer nos modes de production, comme de consommation. Sans cela nous serons comptables de nos immenses erreurs devant les générations futures en espérant qu’elles soient en capacité de les corriger.
   Mais dans cette attente et pour en revenir à la rencontre Macron – Muselier, il a été question du report des régionales d’au moins d’un an. Et vous savez quoi ? Muselier n’y serait pas opposé. Quel hasard pour quelqu’un qui est assis dans le fauteuil de Président d’exécutif et qui n’a pour opposition qu’une caricaturale et dangereuse extrême droite qui ne sait que vociférer et dénoncer des boucs émissaires.
  Et quel hasard également ce type de proposition venant d’un président qui a maintenu des élections municipales en pleine crise sanitaire et qui sait que la même déculottée l’attend pour les régionales si elles ont lieu en temps et en heure à savoir en 2021.

   Et oui, il s’agit bien là d’un vrai tripatouillage qui permettrait à l’un de se maintenir et de nous vendre sans le moindre débat son SUD un an de plus et à l’autre de préparer son renouvellement sans avoir à gérer d’une part des listes LREM dont on a vu la faiblesse lors des élections municipales et d’autre part l’émergence ou la résurgence médiatico-politique de certains présidents de Région qui pourraient bien lui faire de l’ombre. Et cela Jupiter, même affaibli, ne saurait l’admettre ou le permettre.

Hervé GUERRERA
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