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L'IMPASSE MUNICIPALE? H. GUERRERA
30 / 12 / 2019 403 lu(s) 
              L’IMPASSE MUNICIPALE ?


   Le résultat des élections européennes a validé la ligne Jadot : Rassembler, en priorité et parfois coûte que coûte, la « famille écologiste ». Si, dans cette optique, la volonté de s’associer à « Régions & Peuples Solidaires » n’est que logique, eu égard à notre histoire commune notamment, ces unions de premier tour ne vont pas sans poser de questions. Tout spécialement dans une Provence où la menace de l’extrême droite pèse sur bien trop de villes et de villages.
   Commençons par constater qu’ils sont peu nombreux et souvent écartés, pour ne pas dire sanctionnés, celles et ceux qui dans « Europe Ecologie Les Verts » appellent au rassemblement de la gauche et des écologistes dès le premier tour. Soyons clairs : L’autonomie politique fait partie du logiciel politique des écologistes et des régionalistes qui ne veulent plus, et rien de critiquable de ce point de vue, servir de supplétif à une gauche qui a perdu la boussole. Mais cette volonté structurante d’autonomie doit aussi être interrogée par rapport à des paramètres objectifs : Le scrutin auquel elle s’applique, la période dans laquelle nous sommes, la menace extrémiste de droite.
   Les municipales ne sont pas les européennes. La connaissance du terrain, la crédibilité des têtes de listes, les actions concrètes qu’elles auront, ou non, menées pèseront lourds dans le choix des électrices et des électeurs. Si le rassemblement des écologistes, tant espéré par la direction d’EELV, devait être mené hors sol par des personnalités uniquement appâtées par un bon résultat potentiel il y a fort à parier qu’une bonne partie de l’électorat Jadot se détournerait alors d’une démarche jugée non crédible parce qu’artificielle.

   L’urgence climatique à laquelle nous sommes confrontés, et elle est non négociable cela va sans dire, amènera nombre de listes à se déclarer, n’en doutons pas, plus écologistes que les écologistes. Il est dans ce cadre logique d’être suspicieux surtout quand l’on constate dans bien trop de villes, gérées par la droite ou la gauche, que le compte n’y est pas loin s’en faut. Et aujourd’hui les investissements à produire pour favoriser la ville dense, les transports en commun, les modes actifs, le respect des surfaces agricoles et des zones naturelles ne doivent plus être en question face aux dangers qui nous menacent. Dès lors la question devient quelle est la meilleure stratégie pour faire entrer nos villes et nos villages en transition ?
  
Est-ce que les écologistes peuvent gagner seuls ? Si la réponse, donnée par Sebastien Barles il y a quelques semaines à propos de Marseille, était négative aujourd’hui les stratégies d’autonomie à tout prix viennent contredire une volonté de rassembler, dès le premier tour, les citoyens, la jeunesse et donner un véritable espoir de reconquête d’une Provence dont la carte électorale bleue et noire est plus qu’alarmante. Qui, à gauche, aurait pu contester le « leadership » d’une écologie politique qui aurait menée des larges listes de rassemblement potentiellement gagnantes ? Mais EELV fait un autre choix. Même s’ils s’en défendent parfois personne ne pourra nier que cette option présente bien des similitudes avec la ligne du « Ni droite, ni gauche » chère à Antoine Waechter. Sentiment renforcé par, entre autres, la participation de « l’Alliance Ecologiste Indépendante » qui a toujours refusé de se positionner, y compris au second tour, de ce point de vue. S’agit-il là d’une régression ? L’Histoire jugera ! Mais, au-delà, cette option est porteuse d’un très lourd handicap.
Si des listes de large union, avec des programmes résolument axés vers un développement soutenable et solidaire et menées par des personnalités indiscutables sur cet engagement, auraient pu virer en tête et finalement s’imposer, la fragmentation d’un premier tour pourrait bien s’avérer suicidaire.

   Suicidaire car ce sera compliqué d’atteindre des scores permettant, pour la gauche et les écologistes désunis, une présence au second tour ; suicidaire car les fusions d’entre deux tours sont toujours compliquées et trop souvent repoussées, car jugées non crédibles, par les électeurs ; suicidaire parce que l’extrême droite menace et pourrait bien, face aux divisions à gauche, au centre comme à droite, finalement être la grande gagnante d’un premier tour qui nous laisserait tous KO debout. Que dire, sur ce dernier point, sinon condamner la volonté d’autonomie des écologistes dans la seule ville du Var à gauche, La Seyne, dont seul le Maire actuel, notre ami Marc Vuillemot, dont nous souhaitons et soutiendrons la candidature, est le seul qui puisse la conserver dans le cadre de la démocratie et de la République.

   La triste conclusion de tout cela c’est que la direction d’EELV fait le choix non pas de gagner des villes mais plutôt de structurer un réseau d’élu.e.s qui pourront travailler à une future candidature Jadot aux présidentielles. C’est bien connu, faisons fi des libertés communales si chères à la constitution provençale ; en France il n’y a point de salut sans conquête du pouvoir d’État ! En cela et c’est bien surprenant pour des écologistes qui s’affirment fédéralistes, ils rejoignent une autre stratégie qui elle s’affiche bien plus clairement. C’est celle de la « France insoumise » qui clairement après avoir échoué aux européennes décide de zapper les municipales pour mieux rebondir dans un débat présidentiel d’une cinquième République qui, avec ces regains de centralisme, a décidemment encore de bien beaux jours devant elle !
                                                                    
                                                                                                        Hervé GUERRERA
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