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Marseille, la Provence et la démocratie meurtries. H. Guerrera
25 / 11 / 2018 402 lu(s) 
Marseille, la Provence… et la Démocratie meurtries

   Les 8 morts de la rue d’Aubagne auront-ils provoqué un électrochoc citoyen salutaire dans la population Marseillaise ? C’est à souhaiter ! Avec plus de 40 000 logements insalubres, dangereux la situation est insoutenable. Et c’est à entendre, celles et ceux qui prennent la parole dénoncent, avec force et raison, ce pourrissement qui n’a qu’un but : La gentrification. Le remplacement des populations paupérisées par des bobos tout juste descendus du TGV est depuis longtemps une volonté municipale qui ne fait plus secret pour personne.

   Et tant pis si ça passe par la dégradation continue de bâtiments anciens. Quand ils seront en ruine totale alors ils seront remplacés à grand renfort de spéculation bétonnière et « nettoyés » des occupants actuels. Une volonté affichée bien avant l’ère Gaudin, quand on entassait les populations défavorisées dans les affreuses barres HLM des quartiers Nord, mais que ce dernier n’a eu de cesse d’accentuer jusqu’au dénouement plus que dramatique du quartier Noailles.

   Parmi les innombrables témoignages de cette volonté de « non action » citons le travail remarquable du site Marsactu ou encore cet article de La Provence du 10 Novembre qui nous apprend qu’un rapport d’expert, demandé par la justice et remis le 18 décembre 2015, annonçait le pire aux numéros 63, 65 et 67 de la rue d’Aubagne. Et le pire est arrivé.
   Mais n’oublions pas non plus : Accuser la seule Mairie, et les responsabilités sont plus que lourdes, serait injuste quand l’Etat, en charge de la lutte contre l’insalubrité, quand la justice ont, aussi et de facto laissé faire.
   Pourtant c’est bien le slogan « Gaudin assassin » qui est scandé par nombre de manifestants. Et oserons-nous l’avouer, il sonne, hélas d’ailleurs, tout particulièrement juste.
   D’autant que le logement n’est pas, loin s’en faut, le seul pan d’un politique néfaste aux relents néo-mafieux. Ce qui s’est passé à la Plaine avec le sacrifice des arbres, l’édification d’un mur de béton de plusieurs mètres de haut, la répression policière face à des citoyens qu’on ignore systématiquement est aussi insupportable !
   Tout comme l’est le soit disant partenariat « Public- Privé » qui devrait, soi-disant, permettre la réhabilitation d’école dont certaines menacent de s’écrouler sur le dos des enfants. On le sait, non seulement ce plan ne concernera pas toutes les écoles de la ville mais surtout pour une prestation qui est loin d’être garantie. C’est au final 500 millions d’euros, pour seulement 30 écoles, que le contribuable aurait à régler à des actionnaires qui sont là pour engranger le plus possible !

   Des actionnaires bétonneurs dont les liens d’amitié, ou plutôt d’intérêt, avec les décideurs de la majorité municipale, même s’ils restent à prouver, n’étonneraient strictement personne. Ces Bouygues et autres grands groupes appliqueraient la méthode : On rase et on refait. Alors qu’il est parfaitement possible, nettement moins couteux pour la collectivité, beaucoup plus respectueux pour le patrimoine et la planète de réhabiliter. Alors aussi que ce sont bien, au-delà des 30 groupes scolaires mis en avant, les 444 écoles de la ville qui ont besoin là encore d’un vrai et urgent plan Marshall !

   Mais assez parler de cette malgré tout bien belle ville monde, cet article est aussi intitulé, entre autres, Marseille et la Provence meurtries !
   Les récentes inondations et les dégâts et hélas encore les victimes induites montrent avec une grande acuité l’urgence à stopper la politique d’artificialisation des sols et de consommation d’espace.

   Cette péri-urbanité, cette référence pavillonnaire, qui n’ont rien à voir avec un urbanisme provençal multiséculaire d’habitat concentré autour de ses places et autres lieux de vie communs, continue de transformer la Provence en une inaccessible et froide banlieue. Une logique qui condamne les habitants aux déplacements individuels motorisés et polluants. Une logique qui rend inefficace les transports en commun et les modes doux tant les trajets domicile-travail, domicile-commerces et services s’allongent. Dans ce contexte les habitants, endettés pour accéder à la priorité, sont touchés de plein fouet par les augmentations Macron de l’énergie et de la CSG.

   Et même si nous n’avons rien à voir avec ces « gilets jaunes » dont certains sont noirs, même si nous sommes persuadés que le 80 km/h est une des rares mesures à mettre au crédit d’une politique profondément inégalitaire qui n’a pas pour but, le clash Hulot l’a clairement montré, une vraie transition climatique, nous ne pouvons que constater la paupérisation de cette population péri urbaine.
   Voilà qui ne manquera pas de renforcer le vote nationaliste en faveur d’une extrême droite qui maintenant attend son heure. Voilà une illustration nette du fait que le libéralisme, made in Macron, renforce le vote extrême.
   Finissons en disant que nous serions particulièrement heureux d’être démentis par les scrutins à venir. Mais avouons aussi, à la lecture des sondages comme dans nos échanges au quotidien sur le terrain, que le doute est, hélas toujours, plus que permis !
                                                                                                                  Hervé Guerrera
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