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Aix, manifestation de soutien à la Catalogne (octobre 2017) - J-P Dalfau, H. Guerrera, G.Liegeois
27 / 11 / 2017 401 lu(s) 
Aix, manifestation de soutien à Catalogne  

Cènt an li Catalan, cènt an li Prouvençau,
Se partejèron l'aigo e lou pan e la sau :*
Frédéric Mistral - I TROUBAIRE CATALAN  

   Que ce soit au cœur de la période médiévale, lors de la renaissance félibréenne du XIXe siècle où suite à la guerre civile dans la résistance à la dictature, les relations entre la Provence et la Catalogne ont toujours été intenses.
   Les princes catalans ont donné à la Provence son drapeau, d'Or à quatre pals de Gueules. Ils ont organisé dans le premier classicisme de la langue, à partir du palais comtal aixois, l’administration du comté de Provence qui était alors un Etat indépendant.
   Raimond-Bérenger V de Provence, gratta camin, n’ayant pas eu d’enfant mâle, le comté de Provence passera à la maison d’Anjou et, entre autre, avec le célèbre roi René, le français deviendra la langue de l’institution et de la cour mais pas celle du peuple.
  La suite est connue avec la disparition du fils unique du Roi René, les assesseurs de Provence négocient le rattachement du comté à la couronne de France « comme d’un principal à un principal » à condition de garder ses libertés antiques et sa langue.
   De la constitution provençale nous garderons, même au cœur de la monarchie absolue et sans partage des rois de France, notre amour du droit romain, notre faculté à nous organiser, à résister, à élire les consuls de nos villes, à payer moins d’impôt car en Provence l’agriculture en restanque est plus complexe et moins rentable.
  Et la belle et rebelle langue d’Oc qui est allée se réfugier dans le peuple est transmise, par les mères, de génération en génération jusqu’à la fin du XIX siècle.

   Nos frères catalans eux aussi résistent à la centralisation, à des monarchies sanglantes. Et c’est au nom de notre histoire et notre langue commune que les Félibres accueilleront les poètes catalans qui fuient une dictature, une de plus sanglante.
   La Provence va y gagner son hymne, la Coupo Santo, et y asseoir sa réputation de terre qui sait accueillir les démocrates et les républicains, de terre qui affirme ses valeurs de tolérance et de résistance, des valeurs qu’elle a en partage avec la Catalogne :

E veiren, iéu vous dise, à la mendro ciéuta
Redescendre, o bon ur ! l'antico liberta
E l'amour soul jougne li raço ;
E quouro que negreje uno arpo de tiran,
Touti li raço boumbiran
Pèr coussaia la tartarasso !

   La suite, là encore est connue : le XXe siècle, deux guerres mondiales avec leurs cortèges de morts, de malheur, deux guerres qui saignent à blanc plusieurs générations qui emportent avec eux des pans entiers de cette langue du peuple car c’est le peuple qui est en première ligne.
   Si nous nous libérons en 1945 des barbaries fascistes et nazies la sanglante dictature franquiste restera jusqu’en 1978 une tache indélébile sur le front d’une Europe qui n’a pas su faire vivre ses valeurs de diversité au sein de la péninsule ibérique.
   Et nos frères catalans qui ont résisté jusqu’au bout, jusqu’à donner leur sang, leur vie, pour la république, pour la Catalogne vont subir des décennies de répression et d’humiliation féroce. C’est Franco qui a supprimé l’autonomie de la Generalitat en 1940 et c’est aujourd’hui Rajoy qui s’attaque à cette même autonomie.

   Alors comment pourrions-nous oublier qu’un des prédécesseurs de Carles Puegdemont s’appelait  LLuis Companys et qu’il a été ramené par la Gestapo en Catalogne et fusillé par le dictateur Franco.
   Comment pourrions-nous nous oublier ces décennies de plomb ou la langue catalane était interdite et la culture catalane plus que méprisée.
   Comment pourrions-nous oublier que nos anciens ont su de tout temps tendre la main à ces réfugiés qui n’avaient d’autres choix que fuir ?
   Et comment ne pas comprendre l’attachement catalan à une république sociale, au droit de vote, au droit à l’autodétermination ? Devraient-ils indéfiniment subir les refus madrilènes d’améliorer la constitution de 1978 et d’élargir l’autonomie ? Devraient-ils ad vitam aeternam être victimes de la répression, de l’humiliation, de la négation ? Oui, ils avaient le droit d’organiser un référendum et l’attitude de l’Etat et les violences policières de la Guardia Civil ont été inqualifiables ! Tout comme l’a été le silence coupable de l’Europe et des institutions chargées des Droits de l’Homme.

   Alors, pour ne pas conclure, les Catalans ont relevé la tête et notre devoir est de les soutenir.
   Nous les soutenons en tant que républicains et démocrates, en tant que régionalises et autonomistes occitans, en tant que fédéralistes européens et citoyens du monde. Car oui,toutes ces valeurs nous sont communes !

   Et c’est au nom de la tolérance, de la démocratie, qu’une première manifestation a eu lieu à Aix-en-Provence. « Parlem » a été son slogan.
   Mais hélas pour parler il faut être deux et le gouvernement Rajoy a montré qu’il savait cogner mais pas parler. La mobilisation du 25 Octobre qui a rassemblé une centaine de personnes en appelle d’autres !  Car nous disons non à l’emprisonnement, non à l’exil forcé, non à une politique répressive face à des élus qui ont respecté le mandat que leur a donné le peuple. La coalition indépendantiste était majoritaire au parlement catalan.
   Nous formulons des vœux pour qu’elle le soit à nouveau après les élections de décembre, même si la mise sous tutelle et les embastillements de l’Etat espagnol font tout pour pervertir un scrutin qui aurait dû être serein et démocratique.
                                                                                29 octobre 2017
Jean-Pierre DALFAU – Hervé GUERRERA - Guy LIEGEOIS
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