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OCCITANIA, MON PAIS ! H. Guerrera
25 / 07 / 2016 394 lu(s) 
OCCITANIA, MON PAIS !

   Tous les occitanistes qui ne résident pas dans la nouvelle région « Midi Pyrénées – Languedoc Rousillon » se sont trouvés confrontés à cette douloureuse et palpitante question : Fallait-il rire ou pleurer du choix du Conseil Régional de baptiser « Occitanie » la nouvelle région ?
   A l’initiative d’amis provençaux et/ou résidant en « Provence-Alpes-Côte d’Azur » circule une « LETTRE OUVERTE - Réaction à la nouvelle région Occitanie » qui invite « l’ensemble du monde occitan à organiser une grande manifestation unitaire de défense de langue et la culture occitanes dans son vaste ensemble initial et dans la diversité de ses parlers dans une des villes aujourd’hui administrativement exclue de l’Occitanie française : Pau, Bordeaux, Limoges, Clermont-Ferrand, Arles, Marseille, Nice et tant d’autres. ».
   Si l’on ne peut que soutenir cette proposition, tout en s’interrogeant sur les forces en présence y compris institutionnelles pour organiser un tel rassemblement, un certain nombre de points soulevés par cette lettre semblent beaucoup plus discutables.
   Il est notamment fort regrettable que cette missive parle « d'accusations » sans vraiment dire lesquelles, sans désigner qui les porte réellement. Conséquence : il est délicat de savoir de quoi ou de qui il est question. Ce qui est peu admissible quand des critiques aussi fortes sont portées contre des « pratiques et des commentaires extrêmement dépréciatifs » sur lesquels nous ne sommes guère plus éclairés.

   Cette action revendicative épistolaire parle également des positions du collectif "Prouvènço", réactionnaire, opportuniste et mensonger, qui lui a appelé de ses vœux cette nouvelle dénomination et s’est réjoui de voir l’appellation « Occitanie  rejetée outre Rhône ». Mais là aussi ce collectif qui n’en finit plus de déconstruire les actions en faveur de l’Occitan/Langue d’Oc n’est pas nommé ! C’est plus que curieux, c’est gênant. Ce flou risque de jeter l’opprobre sur d'autres mouvements spécifiquement provençaux qui n'ont rien à voir avec le collectif.
   Enfin cette lettre ouverte fait l’impasse sur la plus évidente critique à émettre non pas contre une dénomination mais bel et bien en réaction au processus qui l’a structurée. La région administrative « Occitanie » a été définie dans le découpage régional de la Vème République nouvellement remodelé et qui a rayé d’un trait de plumes deux régions occitanes : Auvergne et Limousin. Elles avaient pourtant bien toute leur pertinence ! Des critères anti- démocratiques, aucune consultation populaire n’est venue valider ce charcutage territorial, hyper centraliste, il n’a été tenu aucun compte des avis des régions opposées à ce découpage et de fausses raisons de rigueur liées à de prétendues économies budgétaires ont prévalu à cette nouvelle carte régionale.

   L’Etat jacobin, une fois de plus, joue un jeu dangereux qui casse la proximité régionale et éloigne les décisions des citoyens. A l’opposé d’une République « monarchisée » et à bout de souffle, le processus de régionalisation que nous avons toujours appelé de nos vœux participe de l’action associative, de l’éducation populaire, de la mobilisation des forces vives territoriales. En fait la Vème République qui s’est toujours méfiée des régions, comme de l’Europe, a trouvé là un nouveau moyen de les museler.

   L’Etat en totale incapacité de donner, face au Brexit, un nouvel élan à l’Europe en s’appuyant sur les réalités régionales, préfère, par la bouche du Président de la République déclarer qu’il est hors de question d’écouter la volonté europhile du peuple Ecossais. La France, comme l’Etat espagnol vis-à-vis des catalans, préfèrera saborder l’union plutôt que de donner une respiration démocratique à un espace européen qui en a un tel et urgent besoin. Pour contrer les nationalismes, les populismes, la xénophobie que les crises attisent, nous avons besoin d’une Europe forte. Mais voilà, pour l’être, cette dernière doit s’incarner dans des volontés régionales tout aussi fortes, et cela l’Etat n’en veut pas.
   Alors dans ce contexte, il nous faut rappeler que si la région administrative s’appelle bel et bien Occitanie, le pays lui s'appellera Occitania ! Et comme le processus régional, il ne pourra qu'être le fruit d'une mobilisation sociale et d'une revendication populaire sur l'ensemble de l'espace linguistique de l'Occitan/langue d'Oc. Le tout à l’opposé de la techno- structure de la Vème République !

                      Hervé GUERRERA
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