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SNCF. Le front des déménageurs. G.Tautil
14 / 04 / 2018 396 lu(s) 
SNCF, Etat, rapports Duron-Spinetta : le front des   déménageurs

      
Quand Edouard PHILIPPE  prépare la suite,
Renaud MUSELIER court après l’Etat

     Précédant le bras de fer qui oppose l’Etat et les syndicats de la SNCF, un rapport de plus est fait. Son but est d’ouvrir la voie à des solutions d’économies budgétaires avec, en toile de fond, une réforme du statut des cheminots et l’ouverture à la concurrence. J-Y Spinetta ne peut ignorer que la situation déficitaire de la SNCF (près de 50 milliards avoués) est avant tout le choix d’une gestion du Tout-LGV (plus de la moitié de la dette) contre une politique publique des transports de proximité.
    Cet ancien PDG d’Air France KLM et d’Areva a une longue expérience de la concentration des transports lourds et des énergies. Le côté financier retient son attention, la situation déficitaire incontournable, mais aussi une restructuration du statut du travail et de l’emploi dans cette entreprise qui sera soumise à la concurrence. Le diagnostic de l’état des lignes est alarmant selon lui : « Le réseau ferroviaire français, écrit-il, a fait l’objet d’un sous-investissement massif de la maintenance (entretien et renouvellement), depuis la fin des années 1970, en raison d’arbitrages budgétaires qui ont favorisé le développement du réseau, et en particulier la construction des lignes à grande vitesse, au détriment du réseau existant. »  

   Si le constat tient la route, l’argument est intéressant dans sa contradiction même avec la situation actuelle où tous les trains, sur le trajet Marseille/Toulon/Nice, ont utilisé les voies existantes dans la logique de la liaison des trois métropoles. Le projet Sud LN-PCA que la Région défend bec et ongles – quelles que soient les équipes successives aux affaires - n’a guère varié. La logique métropolitaine que trois élus ont soutenue se fait aux dépens des lignes dites secondaires. Aussi,  quand E. Philippe affirme qu’on ne touchera pas aux « petites lignes » cela fait sourire. Car en regardant bien une carte de la Région, n’importe qui constatera qu’il n’y a pas de « lignes secondaires » en Provence, hormis le train des Pignes cher aux Niçois et aux gens de l’arrière-pays (jusqu’à présent, l’axe Aix-Briançon n’est pas secondaire). L’exception, donc, qui confirme la règle.

   Et pour justifier la logique centraliste du tout LGV en Provence, ce ne sont pas les déclarations sur le renforcement des réseaux de proximité qui peut convaincre l’utilisateur quotidien. Un silence éloquent  répond à la demande des associations d’usagers à propos d’une remise en état de la ligne Gardanne-Carnoules. Il témoigne de la volonté de donner la priorité aux infrastructures lourdes et de ne pas revenir sur une ligne plurimodale de proximité. Les Varois, par exemple, peuvent le constater dans le centre Var sur cette ligne, les gares en bon état sont devenues des résidences secondaires ou des gîtes. Il faut donc choisir la société qu’on veut !

  Confirmations centralistes et dérégulations sociales

    Les 43 propositions du rapport Spinetta s’inscrivent dans la logique du rapport Duron avec des précisions  sur les orientations principales et les solutions possibles:
-Disparition des « petites lignes », ce que dément Edouard Philippe qui assure leur maintien. On n’est pas directement concerné puisque les lignes secondaires sont inexistantes.
-Silence sur le projet LN-PCA, mais la pression de la Région continue à s’exercer en direction de l’Etat et se tourne vers l’Europe pour son financement ; et les trois priorités annoncées (Marseille /Nice/ Toulon-Le Muy) sont toujours les étapes programmées que la Région défend. Avec des dépenses engagées pour la transformation des gares métropolitaines et un trajet coûteux et anti-écologique dans les zones sensibles (Huveaune, Cuges-les-Pins, Le Beausset, Evenos, Signes et PNR Ste-Baume).  
-Le rapport Spinetta va dans le même sens que celui du gouvernement en ce qui concerne la réforme de la SNCF ; mais nous savons que l’ouverture à la concurrence et la réforme du statut des cheminots entrants, comme la suppression des dessertes jugées non rentables sont au cœur des calculs comptables et de son coût social. Ce rapport, critiqué à la marge par E. Philippe, n’est que le cheval de Troie tactique qui annonce le sens réel de la réforme que le premier ministre entend mener à terme, morceaux par morceaux. D’autres exemples de cette logique de dérégulation des services publics ont ouvert une brèche qu’on peut rapidement rappeler : mises en concurrence de France Télécom (Orange) ; l’ouverture du capital d’EDF, l’absorption de Gaz de France par le groupe Suez. On pourrait en citer d’autres… Restons dans le domaine des transports ferroviaires et du service public en Région.  

        Quand la Région fait la manche…

    La majorité régionale, avec Renaud Muselier à sa tête, ne met pas en question le rapport Spinetta : « Je suis  assez d’accord avec le diagnostic général », déclare-t-il. Ce qui  le justifie  –même s’il déclare être « farouchement opposé à la suppression de 25% des lignes »-, c’est bien un conflit d’intérêts avec la SNCF sur la contribution de la Région au fonctionnement des réseaux, allant même jusqu’à dénoncer la convention commune. L’origine du conflit est avant tout sur la gestion comptable régionale des réseaux. Aussi, le caractère minable de cet élu quémandant son apport à L’Etat pour sa ligne inter-métropolitaine ne trompe personne. Se déclarant incompétent sur la question du statut des cheminots, il n’entre pas ouvertement dans un conflit où les conséquences électorales peuvent jouer. Il n’est pas disert sur la question de la LN-PCA dont il ne parle pas à la suite du rapport Spinetta. Quant à ce rapport, contrairement aux déclarations liminaires, il se garde bien de revenir sur les projets de lignes à Grande Vitesse. Pour lui, sa meilleure rentabilité se réalise dans des trajets de trois heures et moins pour des voyages d’affaires. Sa fonction est de concurrencer les avions low cost. On comprend que la pression subie par la société civile autour de la LN-PCA a des mobiles moins nobles : sacrifier le social à la rentabilité. L’alibi de la modernisation et de la rénovation des grandes lignes - même si elles pouvaient se réaliser dans un temps court - ne remet pas en question la stratégie de la grande vitesse en dépit des déclarations d’E. Macron.  

   Un choix de société en prologue

   Je ne pense pas que « les rapports Duron et Spinetta finiront dans un tiroir », comme le pensent un certain nombre d’élus. Ils sont stratégiquement l’épine dorsale de la politique des transports ferroviaires, avec des réserves et des amendements secondaires. Une politique de proximité serait moins onéreuse et permettrait de  mettre en valeur les dimensions positives des chemins de fer : répondre aux besoins des usagers du quotidien- notamment pour aller travailler-, à la réduction des pollutions et des accidents, une réponse au tout camion avec la prise en compte du fret sous-estimé.  C’est sans doute là que les rapports techniques et technocratiques ont tous leur limite : ils ignorent la réalité humaine et sociale des territoires provençaux, leur originalité environnementale, leur culture ancestrale.

   La majorité politique de la Région,  malgré ses déclarations, est loin de répondre à ces questions. Ce serait leur demander de se faire violence pour encadrer la problématique des transports en s’engageant dans un autre projet de société proprement régional et interrégional. Le dernier mot restera sans doute aux ordonnances de circonstance qui contredisent nos choix sociétaux, confortent des élus régionaux aux ordres et sanctionnent une démocratie de proximité introuvable.

                                                                                                           Gérard TAUTIL

   Dernière minute, l’imposture : sur BFM tv (9/04/18), G. Pépy a indiqué que l'Etat avait décidé de ne plus investir dans de nouvelles lignes TGV mais dans les lignes existantes, y compris les "petites" lignes. Ceci est donc à rapprocher de l'entrevue du directeur adjoint de SNCF réseau. Mais l'imposture du Conseil Régional PACA consiste à présenter "son"  projet de nouvelle ligne comme une nouvelle ligne destinée à améliorer l'existant (noeuds ferroviaires Marseille et Nice) et non pas comme une ligne TGV.
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