Acuelh / Accueil
Editoriau / Editorial
D'aicí e de'n pertot
Sociau / Social
Politica / Politique
Istòria / Histoire
Cartabèu/Bloc-notes
Societat / Société
En revista / En revue
Botica / Boutique
Forum
Contact

   
   

Societat / Société


Projet Alimentaire Territorial et démocratie alimentaire (PAT) Un exemple en Provence Verte. Denis CAREL
16 / 02 / 2021 400 lu(s) 

Projet Alimentaire Territorial et démocratie alimentaire (PAT)
      Un exemple en Provence Verte


Un PAT, qu’es aquò ?

   Pour en savoir un peu plus, il faut aller faire un tour sur le site du gouvernement.
« Les projets alimentaires territoriaux (PAT) initialement prévus dans la loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt du 13 octobre 2014, sont élaborés de manière concertée à l’initiative des acteurs d'un territoire.  Les projets alimentaires territoriaux répondent à l’enjeu d’ancrage territorial mis en avant dans le PNA (plan national d'alimentation) et revêtent une triple dimension économique, environnementale et sociale. »
   Fort de ce constat, le Collectif Citoyen du Conseil de Développement de l’Agglomération de la Provence Verte, s'est mobilisé autour d'un projet de création d’une Académie du bien manger en Provence Verte.
   Ce projet part du constat de la situation alimentaire actuelle et en déduit des propositions d'action à soumettre aux élus afin de les mettre en œuvre dans le cadre du Projet Alimentaire Territorial de la Provence verte. En voici les grandes lignes.

Valorar mai la coina dei familhas en Provença Verda ò coma influir sus lei biais de consumacion alimentària per abrivar la transicion vèrs un modèl d'agroecologia paisana.

   Si on s'en tenait à l'actualité récente et à l'autorisation provisoire du glyphosate et des néo-nicotinoïdes, on pourrait croire que le monde professionnel agricole est incapable de changer de pratiques agronomiques et de s'engager dans une réelle transition écologique. Toutefois, à l'échelle de nos territoires, ce constat doit être relativisé.
   Plusieurs exemples tendent à démontrer le contraire.
On peut citer le développement continu de l'agriculture biologique depuis plus de 20 ans dans le Var. Avec la viticulture qui s'est engagé massivement dans ce mode de production, ce sont aujourd'hui plus de 600 exploitations qui sont certifiées en bio.  
   Or les paysans qui se sont engagés en bio, l'ont fait pour des raisons économiques et commerciales afin de répondre à la demande croissante des consommateurs, qui après chaque crise sanitaire provoquée par les modes de production industriels (vache folle, grippe aviaire, etc) se sont tournés massivement vers les produits bios, ce qui a contribué à les faire sortir de leur statut de produits de niche pour les amener vers les têtes de gondole.
   Ce qui tend à prouver que des modes de consommation alimentaire plus vertueux influencent directement les systèmes de productions agricoles en favorisant leur transition vers l'agroécologie.
   On pourrait citer également l'exemple de l'évolution de l'offre des vins en restauration qui a été rapporté lors des journées organisées par Lou Labo à Correns en octobre 2019. Dans les années 1980, les restaurants d’Aix-en-Provence qui voulaient servir un vin de prestige offraient du Bordeaux. A l'époque les vins régionaux étaient « ringardisés » victimes de leur mauvaise réputation ou tout simplement méprisés. Désormais, ces mêmes établissements proposent des Côtes de Provence ou autres vins de pays. Un travail sur la qualité a été réalisé, ce qui a permis de revaloriser nos vins régionaux.
   De même, depuis 30 à 40 ans des modes de consommation alimentaires toxiques se sont imposés auprès des nouvelles générations grâce à un matraquage publicitaire intensif donnant une image dynamique et saine à des sodas et préparations culinaires hyper transformés surchargés en sel et sucres industriels. Ce qui a conduit tout à la fois à une ringardisation de la cuisine des familles et à une détérioration de la santé des populations, car ces mauvaises habitudes alimentaires entraînent des problèmes d'AVC, de diabète, d’obésité et leur prise en charge pèse très lourdement sur le budget santé de la nation.

De la bastida a la taula, s’apropriar mai l'alimentacion, valorar mai lei coinas tradicionalas mediterranèas e provençala.

   Partant de ces différents constats, l’objectif est de revaloriser la cuisine provençale, méditerranéenne, comme patrimoine culturel immatériel commun et de la remettre à l'honneur au quotidien des tables familiales.
   Pour cela nous partons d'un véritable « best seller », considéré comme une référence en matière culinaire, présent depuis plus d'un siècle dans les bibliothèques de milliers de foyers. Il s'agit de « La cuisine provençale » de Jean-Baptiste REBOUL (1897), natif de La Roquebrussanne, qui illustre bien ce patrimoine gastronomique que possède la Provence Verte.
Et depuis, bien d'autres auteurs cuisiniers qui se sont inscrits dans cette tradition et l'ont réactualisé :
- Trésors de la cuisine provençale » de Robert Monetti.
- Esprit de cuisine- Correns 21.
- Les trois tomes de Promenade Gourmande en Terre Varoise d'un collectif d'agricultrices.
- Recèto pèr tèms e per sesoun, par les amis de la cuisine provençale, etc.
   Nous pouvons également nous appuyer sur les nombreuses initiatives citoyennes ou associatives qui se sont développées ces dernières années sur notre territoire pour faire la promotion du bien manger.
- L'Association des amis de la cuisine provençale à La Roquebrussanne.
- Les concours de chefs cuisiniers en restauration scolaire initiés par AGRIBIOVAR puis BIOPROVENCE.
- Le réseau des AMAP de Provence qui met l'accent sur les partages de recette et stages de cuisine entre amapien,nes.
- Les actions de promotion en faveur de la prune de Brignoles, de la fête du pois chiche à Rougiers, etc.
- Les propositions en faveur d'une académie du bien manger issues de l'atelier « Bien manger et manger bio en Provence Verte » lors des journées organisées à Correns en octobre 2019 par Lou Labo.

   On peut citer aussi d'autres initiatives mises en place en Provence par des collectivités territoriales.
- La ville de Mouans-Sartoux en 06, qui alimente en bio ses cantines scolaires avec les produits de sa ferme communale et a créé dans la foulée une formation universitaire de chef de projet en alimentation durable – option collectivités territoriales.
- La Métropole Aix-Marseille-Provence qui, signataire du Pacte de politique alimentaire urbaine de Milan, avait initié le Projet MADRE réunissant 6 capitales euro-méditerranéennes pour la promotion de l'agriculture urbaine et péri-urbaine et de la diète méditerranéenne.

L'Acadèmia provençala dau ben manjar, una aisina au servici dau territòri

   Dans le cadre du Projet Alimentaire Territorial, le Collectif de préfiguration du Conseil de Développement de la Provence Verte propose aux élus de participer à la création d'un projet d’Académie provençale du bien manger. Que l'on pourrait définir comme un lieu d’échange des savoir faires gastronomiques, de formation, de recherche, de valorisation des pratiques culinaires familiales et de promotion de modes de consommation alimentaire sobres et gourmands.
   Plus que d'un bâtiment dédié ou d'un lieu physique, il s'agit surtout de mettre en lien tous les acteurs du territoire œuvrant à la promotion d'une alimentation saine, équilibrée au travers d'une charte commune dont les grands principes généraux seront les suivants :
- Une cuisine élaborée à partir de produits issus exclusivement de circuits-courts, selon la définition juridique officielle qui en est donnée au niveau européen et national, c'est à dire au maximum un seul intermédiaire entre le producteur et l'acheteur final. Ce choix est essentiel car il permet de replacer l’économie physique, l'emploi et l’échange agricole au cœur du territoire, la valeur ajoutée étant alors répartie équitablement entre chacun des acteurs. Il est important de préciser que ce choix ne signifie pas de limiter l'approvisionnement aux seuls produits locaux, même si ceux-ci doivent être privilégiés. Pour J.B Reboul, une daube provençale ne se conçoit pas sans un zeste d'orange. De même que le café, le chocolat et une foultitude de produits qui font partie aujourd'hui de notre alimentation.
- A base de produits issus de l’agroécologie paysanne et bio, c'est-à-dire de pratiques agronomiques excluant pesticides et engrais chimiques de synthèse, et transformés sans processus industriels de synthèse.
- Réhabiliter la saisonnalité et réapprendre à choisir et cuisiner des produits de saison, redécouvrir les différences et la variété des saveurs, la maturité des goûts tout le long de l'année.
- Stimuler la créativité : Comment cuisiner les produits, comment les valoriser dans l’assiette.
- Identification des produits, avec un étiquetage plus transparent sur l'origine locale, que ce soit sur les marchés, dans les commerces ou en grande distribution.
• Remettre du lien social : Ateliers de cuisine, de transformation, AMAP, accès à une alimentation de qualité pour tous.
- Informer et communiquer sur les bienfaits de l'alimentation santé et de la diète méditerranéenne. Hippocrate, médecin grec de l'Antiquité avait affirmé : « Que ton alimentation soit ta première médecine ».

Aver idèa d’uneis accions :

- Relancer le concours des chefs cuisiniers qui avait été initié par AGRIBIOVAR et avait permis de mobiliser les cantines scolaires. Les chefs cuisiniers travaillant sur des produits locaux issus de l’agriculture biologique.
- Proposer des cycles de formation et d'échange entre producteurs et cuisiniers, en particulier entre débutants et expérimentés. On pourrait rapidement s'appuyer sur les initiatives associatives existantes et les amplifier en leur trouvant des ressources et en les mutualisant.
- Valoriser l'accueil touristique en faisant la promotion de l'offre culinaire de terroir et de circuit court par un réseau des tables d'hôtes et des restaurants de village. Il faut autant stimuler la demande que créer l'offre.
- Établir des liens et nouer des partenariats avec les autres collectivités engagées sur la thématique de l'alimentation responsable : Aix Marseille Métropole pour ce qui concerne les échanges entre euro-métropoles méditerranéennes autour de la diète méditerranéenne et la ville de Mouans Sartoux comme exemple réussi de régie municipale de restauration hors domicile.

Actors e partenaris identificats :

   La liste est non exhaustive. L'Académie provençale du bien manger a pour vocation de s'adresser à tous les acteurs du territoire désireux de s'investir dans une alimentation saine, responsable, accessible à tous en s'appuyant sur l'intelligence collective et les savoir-faire de chacun. On citera les écoles, les crèches, l’enseignement agricole, l’enseignement hôtelier, la recherche (INRA) les EHPAD, les personnels de santé, les médecins nutritionnistes, les cuisines d’entreprises, les collectivités, la population locale pendant des manifestations, les restaurateurs, les commerçants, les artisans de l’agroalimentaire en circuit-court, les organisations professionnelles agricoles, AGRIBIOVAR, la SCIC Agribio Provence, l’ADEAR, la Chambre d’Agriculture, les AMAP, l'Association des Amis de la cuisine provençale, les associations d'insertion, les centres sociaux, les CCAS, etc.
                                                                                                                       Denis CAREL


------------------------------------------------------------
Références  
La cuisinière provençale de J-B REBOUL. Editions Tacussel.
Les trésors de la Cuisine Provençale de Robert Monetti. Editions EDISUD
Esprit de cuisine. Agenda 21 Correns. Editions Graines d'Argens.
Promenades gourmandes en terre varoise. Editions Terre varoise. Réalités et promotion.
Recèto pèr tèms e pèr sesoun. Editions Prouvenço d'Aro.

Lo Cebier vous recommande aussi :
Le bouil et le tian. La cuisine du terroir provençal. Claudi Barsotti. Edisud.
L’alimentation provençale et la santé. Mutualité sociale agricole du Vaucluse
La cuisine provençale et niçoise. Dominique Compans. Edit. J-P Gisserot
------------------------------------------------------------
Retorn